Retour sur quelques notions libérales, et distinction entre monopoles illégitimes (obtenus par la contrainte) et légitimes (obtenu par l’échange libre). Ce qui différencie un vrai monopole d’un monopole légitime, c’est l’interdiction – ou non – à des concurrents d’entrer sur le marché.
Dans un billet – comme toujours stimulant -, le chafouin dit cela :
Tous ces principes [les principes libéraux consistants à faire confiance aux individus, ndr] sont positifs, et s’appliquent correctement dès qu’il existe une forme de consensus moral entre tous et que ce consensus est respecté sous la contrainte. Un savoir-vivre commun et consenti. Ou au moins, un contrôle de l’Etat sur l’économie. Un contrôle intransigeant. D’ailleurs, c’est le cas depuis des siècles! Mais à partir du moment où on croit en la liberté totale, et qu’on la laisse faire, comment s’étonner qu’on en vienne à rendre esclaves des clandestins? Qu’au lieu de concurrence, on assiste dans certains domaines au mieux à des ententes (téléphonie, internet…), au pire à des monopoles (systèmes d’exploitation informatique)? Qu’on veuille récompenser les actionnaires au mépris de l’intérêt économique même des entreprises?
Cette phrase m’a fait bondir ! Alors je réagis pour rappeler quelques idées qui me paraissent importantes.
Rappels sur le libéralisme
Le libéralisme est une philosophie qui s’oppose à l’usage de la contrainte, et qui prône le respect de la liberté individuelle. Liberté qui est liée de manière indissoluble à la propriété, et à la responsabilité. Dire que la liberté totale mène à l’esclavage est un contresens. Le libéralisme met en avant que chaque individu doit avoir la propriété de soi-même, de son travail, des fruits de son travail. Une société libérale ne tolère donc évidemment pas l’esclavage et la privation de liberté ! Par ailleurs, la philosophie libérale est une philosophie minimaliste, au sens moral du terme : le libéralisme considère qu’il n’y a pas lieu de restreindre l’action des individus (tant qu’ils n’empiètent pas sur la liberté des autres), ni de définir ce qu’est le Bien ou le Mal pour eux. Chacun est libre de chercher son bonheur comme il l’entend.
Monopole obtenu par la contrainte ou librement
En ce qui concerne les monopoles, il faut rappeler une distinction essentielle. Il y a deux types de monopoles, selon que la contrainte est utilisée ou non pour l’obtenir :
- un monopole obtenu de manière légitime (par le biais d’une adéquation d’un produit à la demande du marché). Ce monopole ne s’est pas établi par la contrainte, mais par le jeu du libre échange et du commerce. Microsoft en est un bon exemple : personne n’a été obligé d’acheter les produits de Bill Gates. Son monopole provient du fait qu’il a proposé – et propose – des produits que des centaines de millions de gens ont trouvés bons.
- un monopole obtenu par la contrainte – et donc illégitime – : par exemple la Sécurité Sociale est un monople d’Etat, qui ne tient en place que par la contrainte. Ce n’est pas la qualité du produit proposé par la Sécu qui fait qu’elle a un monopole, c’est la contrainte publique qui interdit – jusqu’à présent – à un autre acteur (un concurrent) de rentrer sur le marché.
Le monopole illégitime est celui obtenu par la contrainte, et par l’interdiction d’entrée sur le marché aux concurrents. La décision de la Cour Européenne de Justice à l’égard de Microsoft est donc proprement scandaleuse : Microsoft, que l’on sache, n’empêche personne de rentrer sur le marché des logiciels et des systèmes d’exploitation.
Qu’on laisse donc les acteurs juger par eux-mêmes de leur intérêts propres, et que l’Etat se borne à faire respecter le Droit : voilà ce que souhaite un libéral. Rien de plus, rien de moins.
Edit : Eric Mainville, de Crise dans les médias, avait également fait un article sur le film de Ken Loach, et la discussion connait une ramification en commentaire de son billet. A suivre aussi, donc…
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