Le règne du mensonge

On a beau tourner la tête, à droite, à gauche, en haut, en bas, c’est partout le règne du mensonge. Sur quelque sujet que ce soit, l’approche consistant simplement à vouloir commencer par les faits, la réalité, puis à élaborer, se heurte à toute une litanie de prêchi-prêcha à peine construits, à peine crédibles, et il faut toute la force de frappe d’une répétition médiatique continue, d’un matraquage de haute intensité pour l’imposer aux gens. Cette idéologisation permanente maintient la population dans un état d’enfance, en l’empêchant d’aller se confronter au réel.
J’ai le sentiment parfois que certains de mes congénères ne pensent plus, ou n’osent plus le faire, et même dans le pire des cas pérorent, assènent, bouffis de fausses certitudes visant simplement à se regarder dans un miroir agréable à leurs yeux. Les plus fieffés utilisent ces narrations politiques pour se faire une place de choix, implacablement. Cyniquement. Immoralement. Le travail et la droiture morale devraient seuls permettre de s’honorer de quoi que ce soit. Le mensonge est aussi, je crois, le signe de notre époque où chacun veut aller vite. La vérité n’est pas toujours donnée, il faut travailler acquérir des connaissances. La vérité transcende, là où le mensonge avili.

Les plus honnêtes d’entre nous, bien sûr, heureusement, et dont j’ai la prétention de faire partie, continuent à penser, mais en se taisant souvent, en baissant parfois la tête, toujours en serrant les dents. Pour qui aime la vérité, et sa quête, l’époque est difficile. Cela mine en partie la qualité des relations sociales : être obligés de mentir par omission aux gens que l’on apprécie humainement est un crève-cœur.

On est obligé de regarder notre beau pays s’abimer, sans même, au moins, pouvoir le dire. Heureusement, il existe des proches, des amis, avec qui l’on peut continuer à au moins ne pas se mentir. Il faut, et je crois que c’est le premier combat, retrouver le goût de la vérité, chasser le mensonge, débattre. La libre expression, respectueuse et contradictoire, est l’urgence. Il faut abolir les lois de censures qui font baisser le niveau du débat, et forcent les intelligences amoindries à répéter ou à ne pas contredire – pour simplement pouvoir rester dans la zone de respectabilité – les contes à dormir debout de ceux qui ont le pouvoir. Il faut couper toutes les subventions à ceux qui, avec notre argent, œuvrent à restreindre la liberté de penser.

Je crois qu’il va falloir que tous les citoyens osent sortir de la zone de confort, et peu à peu, en partant du cercle amical et familial, élargissent les cercles de libre parole. Avec les collègues proches, avec son boulanger ou avec le serveur, avec ses voisins. Sur les réseaux. Le salut ne viendra pas d’en haut : les pires sont ceux que l’on voit faire leur cirque médiatique et politique pour récupérer des postes, tout en nous vomissant dessus, car presque jamais ils ne parlent directement de ce qui est important, en des termes simples, avec le goût de l’intérêt du peuple. Le mensonge, parfois, n’est pas que de la rouerie, mais bien de la perversité.

Petit test : prenez un sujet, n’importe lequel. Réfléchissez quelques minutes à ce qu’est la situation réelle. Puis comparez avec ce qu’il est autorisé d’en dire socialement, et avec ce que les politiciens et les journalistes racontent. Je ne sais pas le sujet que vous avez choisi, mais je suis presque sûr de pouvoir affirmer la chose suivante : ce qu’il est convenu d’en dire dans un cadre social normal est un affreux ramassis de mensonges, de soumission au wokisme et à des idées délirantes d’extrême-gauche, de relativisme moral, d’approximations visant à cacher la réalité. C’est une sorte de dogme assez rigide, pouvant conduire au tribunal les plus rebelles du verbe, mais bâti sur du sable intellectuel et moral.

Parlons-en. Le plus possible. Entre nous, souvent. Et essayons de faire bouger les lignes : plus nombreux nous serons, et plus nous serons à nouveau capable, peut-être, de faire un contre-pouvoir. Notre vote n’est plus tout à fait suffisant, il me semble, et j’en ai bien peur. Notre première arme, c’est la vérité.

Alors, vous avez pris quoi comme sujet pour faire le test ?

Commentaires

11 réponses à “Le règne du mensonge”

  1. Avatar de GONTRAN UNGER
    GONTRAN UNGER

    Super, merci pour cet article ! 👍😊

    1. Avatar de BLOmiG
      BLOmiG

      salut Gontran, merci pour ton soutien !

  2. Avatar de FRANCOIS UNGER
    FRANCOIS UNGER

    Bien entendu je ne conteste pas l’orientation globale de ce billet. Pourtant il m’interpelle sur certains points que j’aimerais soulever.
    – La vérité n’est pas qu’un aspect factuel des choses. En sciences dure, oui. Il faut travailler pour extraire la vérité d’hypothèses contradictoires.
    – La vérité, quand elle porte sur les aspects humains des choses, est naturellement différente d’une personne à l’autre. Et, en tout cas, difficilement définissable de façon générale et opposable à tous.
    – En politique il y a des gens qui ont monté des systèmes idéologiques très éloignés de la réalité que la plupart des gens observent ou ressentent. Ces systèmes doivent être dénoncés et combattus. Je crois que ton post vise d’abord ces gens qui manipulent, mentent et détruisent la réalité de la majorité des électeurs. L’objectif est le pouvoir. Rien que le pouvoir. Et malheur à ceux qui croient ces gens.
    – Mais en politique il y a aussi des gens sincères qui ne perçoivent pas de la même façon la même réalité. Si tout un chacun veut améliorer la vie des électeurs, certains penseront que cela passera par une augmentation des revenus individuels tandis que d’autres penseront que cela nécessite des services publics de meilleure qualité. Il n’y a pas besoin de déni de réalité pour avoir ces divergences.
    Les gens qu’on peut identifier comme des dénieurs de réalités ou de manipulateurs de réalité, s’ils sont très dangereux, ne méritent pas que nous nous arrêtions à leurs manoeuvres ou leurs mensonges. La réalité les rattrapera tôt ou tard. Notre travail est de dire la réalité. Le mieux possible, en dénonçant les mensonges. Ce qui est déjà très difficile.
    Merci pour ton post.

    1. Avatar de BLOmiG

      Salut François, merci pour ton commentaire qui permet de faire progresser la discussion.
      Tout d’abord, la vérité est une caractéristique de certaines propositions ayant attrait au réel : est vrai quelque chose qui est en adéquation avec la réalité. Certains énoncés sont vrais et d’autres faux. Ceux qui sont vrais le sont souvent de manière temporaire ou incomplète (de nouvelles connaissances peuvent les remettre en question), et certains énoncés ne jouent pas dans la cour de la connaissance, car formulés de manière non-réfutable.
      Il y a des énoncés vrais dans tous les domaines de connaissances ; ce n’est pas une chose liée au science dure, mais plutôt une caractéristique de notre relation a réel. Dans tous les domaines nous avons des connaissances, aussi bien en économie, en morale, en politique qu’en sciences dites dures.
      Avant d’identifier les points de vrais désaccords, car il y en aura, commençons par écarter les mensonges et cela ne peut se faire qu’au moyen de la vérité et la comparaison avec le réel.
      Bien sûr il existe des différences entre les individus. C’est pour cette raison que l’école autrichienne d’économie (Mises, Hayek & Co) est plus intéressante : elle part du constat que la valeur est subjective. Personne ne peut décider à la place de quelqu’un d’autre ce qui est mieux pour lui. Sauf à considérer que certains individus savent pour d’autres et peuvent juger pour d’autres.
      Ceux qui prétendent qu’il n’y a pas de vérité en politique ou en économie sont souvent des menteurs, qui cachent derrière cette sentence le fait qu’ils nient volontairement les connaissances acquises. C’est le troisième livre que je lis sur la monnaie (bientôt un billet) et c’est très clair qu’en économie une partie des politiciens, et certaines économistes, font exprès de ne pas utiliser les savoirs disponibles : Keynes est un truand intellectuel, et les politiques publiques qu’il a inspirées visant à faire comme si la dépense publique allait créer de l’activité vont à l’encontre et du bon sens, et de ce que l’on sait. Les banques centrales qui impriment des billets à tour de bras, pour permettre l’endettement excessif, affaiblissent la monnaie ce qui conduite toujours à une paupérisation des plus démunis au profit de ceux qui fabriquent la monnaie, à une baisse du niveau d’épargne et de projection dans l’avenir, et à une augmentation de la consommation immédiate. Une mauvaise monnaie (celle que nous avons) pénalise par ailleurs l’ensemble de la société car cela défavorise une bonne et efficace division du travail. Si le moyen d’échange est de mauvaise qualité, cela limite la facilité avec laquelle chacun peut se concentrer sur son travail en sachant qu’il pourra échanger grâce à une monnaie fiable le fruit de son travail contre d’autres biens & services. Ces connaissances de base en économie sont quotidiennement foulée du pied par les politiciens et par une partie des intellos et « économiste » à la Piketty qui ne sont que des idéologues au service de leur idéologie.
      Par ailleurs, ton affirmation sur les services publics et les salaires est à mon avis fausse. Les services publics de qualité ne sont pas en opposition avec des salaires élevés, sauf à considérer que l’économie joue à valeur fixe (sans création de valeur) et qu’il s’agit de répartir l’argent entre les services publics et les salaires élevés. Les salaires élevés sont une conséquence de la bonne santé des boites qui dépend de leur liberté d’action pour proposer les meilleurs produits/services et du faible niveau de taxation du travail et de la valeur ajoutée. Les bons services publics sont la conséquence d’une bonne gestion d’une bonne stratégie générale pour les services publics. L’un et l’autre sont donc tout à fait compatible. Sauf bien sûr si l’on considère que tout doit être un service public, et que les entreprises doivent les financer.
      au plaisir de continuer l’échange

  3. Avatar de Walter
    Walter

    merci pour ce post, ça fait du bien de se sentir moins seul !

    1. Avatar de BLOmiG
      BLOmiG

      Hello Walter, content de te revoir par ici ! et merci pour ton commentaire : ça fait du bien de se sentir moins seul !

  4. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    En voilà un qui demande la même chose que moi….https://x.com/vivekgramaswamy/status/1705289139329864024?s=46

  5. Avatar de FRANCOIS UNGER
    FRANCOIS UNGER

    Je souhaite rebondir sur le fin de ton commentaires qui présente une société dans laquelle la bonne gestion des entreprises serait distincte de la bonne gestion des services publics. A mon avis il n’est pas déraisonnable de penser qu’investir dans une police et une justice de qualité est de nature à favoriser les résultats des entreprises. Idem pour l’armée. Et, dans un pays comme le nôtre (on pourrait en discuter la pertinence), où une part importante de l’enseignement est considérée comme relevant du service public, je ne vois pas comment on peut imaginer une bonne gestion des entreprises si les formations des personnels sont défaillantes.
    Il est légitime, dans un pays comme le nôtre, d’attendre des progrès par réduction des services publics (je veux dire en nombre : la santé, l’éducation, les transports pourraient gangrener à être moins « publics »), mais il y a un besoin indispensable de qualité dans les services publics maintenus.

    1. Avatar de BLOmiG
      BLOmiG

      d’accord avec tout ça, mais je n’arrive pas trop à voir ce qui dans mon commentaire te laisse penser que je vois les choses autrement ? ma remarque était une réaction à ta phrase « Si tout un chacun veut améliorer la vie des électeurs, certains penseront que cela passera par une augmentation des revenus individuels tandis que d’autres penseront que cela nécessite des services publics de meilleure qualité. Il n’y a pas besoin de déni de réalité pour avoir ces divergences. »
      Je pense que « augmentation des revenus » (prospérité) et « services publics de meilleure qualité » ne sont en rien contradictoire, et je ne vois pas dans ces deux nécessités de « divergence ».

  6. Avatar de FRANCOIS UNGER
    FRANCOIS UNGER

    Tu as raison: je dois préciser que dans les revenus individuels c’est la part des impôts qui doit être réévaluée. En fait, je crois que si on veut disposer de services régaliens corrects (justice, police, armée, administration publique) cela a un coût, et que ce coût ne peut être payé que par un prélèvement sur les revenus individuels. Je pense qu’à terme, si les services publics sont bons alors les revenus en bénéficieront. Mais il faut amorcer la pompe et payer.
    Le problème le plus délicat est de définir les limites des services publics. Si je suis d’accord pour exclure des services publics l’enseignement supérieur, la plupart des services de santé, les communications, une bonne partie du mille-feuille territorial, je pense que la collectivité doit garder la main sur certains services qui, s’ils sont bien gérés, apporteront une amélioration sociale globale. Je pense en particulier à l’enseignement et à la santé des enfants de familles très défavorisées ou immigrées non francophones. Je crois aussi que des services sociaux, correctement ciblés, devraient pouvoir contribuer à remettre au travail des gens qui s’en détournent ou qui ont transitoirement besoin d’un coup de pouce. En privilégiant les jeunes, et, exclusivement ceux qui se réclament des mêmes valeurs sociétales que notre pays, dont la laïcité qui synthétise nos  » liberté, égalité fraternité « .
    Encore une fois ceci ne peut être envisagé que lorsque les services publics régaliens sont au niveau des besoins du pays. Et cela pèsera sur les revenus de tous ceux qui produisent. Il me semble.
    Merci pour cet espace de discussion.

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