Mathieu Bock-côté signe avec « La Révolution racialiste » un bel essai, sans appel, sur le wokisme et d’autres virus idéologiques (comme il les nomme très justement). Le problème avec Bock-Côté, c’est que j’écoute son émission chaque semaine en podcast : j’ai donc déjà entendu ses raisonnements toujours justes et équilibrés, percutants sans être caricaturaux. Le livre ne m’apporte pas tant que ça du coup. Mais si vous ne savez pas ce qu’est le wokisme, ou le racialisme, et si vous voulez le découvrir dans le détail ce livre est pour vous.
Documenté et honnête
Bock-côté, à l’instar d’un Finkielkraut, connaît ses adversaires, les lit, les comprend et analyse leur manière de raisonner. Jusqu’à la nausée parfois, car dans le livre, l’auteur cite abondamment les cinglés manipulateurs qui sont les porteurs de cette idéologie dangereuse. Le quatrième de couverture le dit bien :
On ne saurait segmenter une société sur une base raciale sans condamner chaque groupe à s’enfermer dans sa couleur de peau, qui devient dès lors l’ultime frontière au coeur de la vie sociale.
La vision racialiste, qui pervertit l’idée même d’intégration et terrorise par ses exigences les médias et les acteurs de la vie intellectuelle, sociale et politique, s’est échappée de l’université américaine il y a vingt ans. Et la voilà qui se répand au Canada, au Québec et maintenant en France.
Elle déboulonne des statues, pulvérisant la conscience historique, elle interdit de parler d’un sujet si vous n’êtes pas héritier d’une culture, et vous somme de vous excuser « d’être blanc », signe de culpabilité pour l’éternité. Le racialisme sépare et exclut, n’apporte pas de libertés qui qu’en disent ses hérauts, et, plus dangereux, modélise une manière de penser le monde.
Dis de manière plus directe : les woke sont des gros racistes anti-blancs. Toute la misère vient des blancs, seuls responsables de tous les maux. Tout cela serait ridicule, et risible, si une partie des gens n’y prêtaient pas le flanc, soucieux de surtout, surtout, ne pas paraître racistes. Affligeant en 2023 : ce qui pouvait se comprendre dans les années 1980, il y a quarante ans, est franchement un signe de véritable connerie, et de manque de structure intellectuelle.
Egalitarisme radical et contre-universalisme
Derrière cette soupe idéologique, on retrouve à nouveau une logique égalitariste radicale (prête à couper des têtes pour que toutes fassent la même taille), et dans le même mouvement une négation de l’universalisme (qui ne serait qu’une forme de racisme déguisé).
Tout cela est bien inquiétant : cela confirme le constat que ceux qui ont le pouvoir sont soit cinglés, soit suffisamment manipulateurs pour surfer sur de telles inepties pour garder le pouvoir. En trahissant l’intérêt du peuple. Un petit extrait pour finir, mais ce livre, en confirmant ce que l’on voit, énerve par la justesse de son constat, et confirme la léthargie de la population française, qui se laisse, sur ce sujet comme sur d’autres, malmener.
La société occidentale est engagée dans une dialectique mortifère : le « développement de la puissance politique indigène » est indissociable de la soumission des élites, fascinées et effrayées par l’agressivité décomplexée de ceux qu’elle voit comme les nouveaux damnés de la terre. Si le décolonialisme ne représente évidemment pas l’opinion dominante chez les populations associées à la « diversité », on ne fera pas l’erreur d’oublier que ce sont les minorités idéologiques les plus résolues qui font l’histoire.
On rencontre le paradoxe multiculturaliste : souvent, ceux qui revendiquent leur identité de « racisés » sur un mode militant refusent d’être renvoyés à leurs origines mais ne cessent de les brandir. Le régime diversitaire et l’idéologie multiculturaliste favorisent l’exacerbation de l’identité d’origine en décourageant l’intégration substantielle ou l’assimilation.
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