Il n’est pas désirable d’admettre une proposition quand il n’y a aucune raison de supposer qu’elle est vraie.
Bertrand Russell (1872 – 1970) mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique.
Il n’est pas désirable d’admettre une proposition quand il n’y a aucune raison de supposer qu’elle est vraie.
Bertrand Russell (1872 – 1970) mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique.
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Cette citation me surprend car mélange délibérément des notions habituellement perçues comme antagonistes: Supposer la vérité ? Le désir comme élément d’évaluation ?
Oui il faut partir d’hypothèses qui « supposent » la vérité. Mais que vient faire le désir? Y a t il des hypothèses qu’il faudrait écarter d’emblée parce qu’elle ne peut pas être vraie? La logique peut elle faire appel à des simplifications par paquets de ce qui ne semble pas vrai?
salut, merci pour ton commentaire ! Je remets le passage complet, c’est le premier paragraphe de l’introduction des Essais Sceptiques (Editions les Belles lettres, 2013, trad. André Bernard) :
Je désire soumettre à l’examen bienveillant du lecteur une doctrine qui, je le crains, va paraître terriblement paradoxale et subversive. La doctrine en question est celle-ci : il n’est pas désirable d’admettre une proposition quand il n’y a aucune raison de supposer qu’elle est vraie. Je dois reconnaitre, bien entendu, que, si une telle opinion devenait commune, elle transformerait complètement notre vie sociale et notre système politique ! Et comme tous les deux sont actuellement sans défauts, ma doctrine ne pourrait pas tenir contre eux ! Je me rends compte aussi – et c’est plus sérieux – qu’elle tendrait à diminuer les revenus des voyantes, des bookmakers, des évêques, de tous ceux enfin qui tirent leur subsistance des espoirs irrationnels de gens n’ayant rien fait pour mériter le bonheur dans ce monde ou dans l’autre. Malgré ces graves objections, je pense qu’on peut trouver des arguments en faveur de mon paradoxe, et je tâcherai de les mettre en évidence.
Je ne suis pas sûr de comprendre ta deuxième remarque : il ne me semble pas que Russell propose de positionner le désir comme éléments d’évaluation de la vérité. Il dit l’inverse justement : s’il n’y a aucune raison de supposer qu’une proposition est vraie, pourquoi donc l’admettre comme telle ? Il dit, en somme, que notre désir d’admettre une chose vraie ou non devrait être soumis au degré de véracité de celle-ci, et à la possibilité de le vérifier. Mais tu as raison l’utilisation du mot « désir » est un peu décalé du reste. Je vais vérifier la version originale pour voir si la traduction est fidèle (mais pourquoi ne le serait-elle pas ?). Il me semble, compte tenu du sens général de son propos par la suite dans l’essai, que cette phrase illustre plutôt une critique de l’attitude croyante, pour faire la promotion de l’attitude sceptique.
Et je complète avec un autre morceau tiré du chapitre « Pensée libre et propagande officielle » :
« Si la tolérance doit régner dans le monde, une des choses qu’on doit enseigner dans les écoles est l’habitude de peser les faits et l’habitude de ne pas donner son plein consentement à des propositions qu’il n’y a aucune raison de croire vraies. (je saute un passage sur un maître qui fait lire aux élèves la couverture d’une même évènement par plusieurs journaux d’opinions différentes et qui le comparent avec les faits) Le scepticisme cynique qui serait le fruit de cet enseignement immuniserait les enfants pour plus tard contre l’idéalisme par lequel des gens de bien sont amenés à contribuer à la réussite des plans de coquins. » (conférence de 1922)
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