Game Over, de Laurent Obertone, est la suite logique et philosophique de l’Eloge de la force, du même auteur. C’est un curieux pamphlet anti-démocratique, stimulant, paradoxal, désespéré. C’est aux Editions Magnus, co-créée par l’auteur avec sa comparse de La Furia, Laura Magné. Le style d’Obertone, ciselé, percutant, est stimulant et porte un regard très objectif sur le réel, donc désespéré (au sens Camusien, ne se berçant pas d’espoirs ou d’illusions).
Anti-démocratique
Anti-démocratique, oui cet essai l’est, car sa thèse de départ est que la démocratie (dans sa forme actuelle) est un jeu de dupe. La description des travers de nos démocraties est particulièrement juste, terrible, et ce simple constat de départ est une raison suffisante pour acheter l’ouvrage. Oui, la liberté d’expression est restreinte. Oui, nos votes n’ont pas servis à grand-chose depuis longtemps. Oui, les institutions sont dévoyées. Oui, l’Etat est omniprésent, obèse, impotent et injuste. Clientélisme. Oui, l’immigration cause violence, insécurité physique et culturelle, mais rien n’est fait. La liste pourrait être prolongée presqu’à l’infini. Obertone voit clair. Et nous décrit – je m’inclue dans le paquet – comme des drogués qui jouent à un jeu sans fin, avec le shoot d’adrénaline tous les 5 ans pour les élections, soigneusement mis en scène par des médias totalement sous tutelle du pouvoir. Oui, c’est un cirque un peu clownesque, dont l’issue est connue. Le pouvoir progressiste se maintient en place. La solution ne viendra pas d’un sauveur, ou de ce jeu faussé. Dur à admettre. Mais vrai en partie. On retrouve dans cette première partie des accents libéraux/libertariens dignes de Bastiat, ou d’Ayn Rand. J’y retrouve pour ma part des résonances avec mes dernières lectures (Philippe Nemo), et avec mon point de vue sur la liberté.
Paradoxal
Paradoxal, le livre l’est aussi, car après cette charge en règle, violente, contre le jeu démocratique et ses illusions, ses mensonges, Obertone signe à la fin de chaque chapitre une liste de choses que ferait une société libre, plus juste. Et cela ressemble fortement à un programme politique. Il peut bien l’appeler anti-politique, mais cela reste des actions politiques, au sens plein du terme, c’est-à -dire ayant à voir avec l’organisation de la Cité, de la société. Sur l’immigration, sur la place de l’Etat et sur bien d’autres sujets, d’ailleurs, on retrouve certaines des propositions d’Eric Zemmour. La dernière partie remet l’accent sur les leviers personnels de refus de la médiocrité, de la consommation anesthésiante, et de l’éloge du travail, de la liberté et de la force du précédent opus. Voilà donc le paradoxe de ce livre : il est traversé par un souffle que je qualifierai de clairement libéral, au sens plein du terme. En quoi cela serait-il nécessairement anti-politique, ou anti-démocratique ? La seule réponse serait qu’un tel programme ne pourrait se mettre en place qu’en changeant radicalement les règles du jeu (révolution ? coup d’Etat ?), mais l’auteur ne le dit pas explicitement. Il y a donc un petit goût de non-dit à la fin de ce livre, qui par ailleurs se dévore avec plaisir, tant il est bien écrit et tant l’air qui y souffle est vrai et libre. Les yeux grands ouverts, le regard clair d’un homme sincère, honnête et épris de vérité et de justice : comment pourrait-on ne pas s’y retrouver ?
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