Je poste ici de modestes recensions des ouvrages que je lis, parfois quelques réflexions qui me paraissent importantes – pour moi – à structurer. C’est un blog personnel, éminemment confidentiel. Mais il arrive que certains articles soient lus, parfois par l’auteur du livre en question, parfois simplement par les lecteurs plus ou moins réguliers du blog. Cela remet l’accent sur le caractère public de l’écriture sur un blog. A partir du moment où l’on écrit en ligne, on est responsable de ce qu’on écrit. Je ne parle pas ici de l’aspect responsabilité juridique, mais de la responsabilité morale.
Lorsque j’écris un billet, je me demande souvent ce que les lecteurs éventuels pourraient penser, ou ressentir, à la lecture. Cela force à peser chaque mot, bien sûr : il faudra assumer, éventuellement, d’avoir écrit telle ou telle phrase, et l’écrit n’est pas l’oral. Argumenter, expliquer. C’est la fonction de la zone de commentaires.
Mais cela force à peser ses mots dans un autre sens : il y a une responsabilité dans l’écriture, comme dans la prise de parole, à ne pas blesser autrui. Non pas une manière de ne plus dire les choses, ou de ménager les susceptibilités, mais plutôt, comme avec les enfants, apprendre à choisir la bonne formulation : « je n’aime pas », plutôt que « ce n’est pas bon ». Dire la vérité, crue, sans qu’une personne innocente ou fragile puisse se sentir attaquée ou montrée du doigt. D’ailleurs, non : dire la vérité sans attaquer ou montrer du doigt des personnes. Si certains se sentent attaqués, c’est une autre histoire. Le but est simple : ne pas blesser volontairement, faire attention à viser la vérité plus que l’effet sur autrui. En miroir, cela implique de dire la vérité sans flagornerie ou volonté de plaire non plus.
Il y a toute une petite mécanique mentale, une hygiène de la parole, une politesse, à laquelle la vérité et la présence potentielle d’autrui nous obligent.
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