A la lecture de l’interview de Rifkin, je bouillais de réagir, et je voulais faire un billet pour critiquer ce qui m’apparaissait comme une sorte de gloubi-boulga intellectuel, de fourre-tout malin et roublard des tendances à la mode.
Parce que je ne l’ai pas lu, et qu’il ne le mérite pas
Je ne le ferai pas, pour plusieurs raisons :
- je ne veux pas rentrer dans le jeu consistant à critiquer des penseurs que l’on n’a pas lu. Je n’ai pas lu les ouvrages de Rifkin, et c’est une raison suffisante pour ne pas en parler
- la faiblesse de ses argumentations a déjà été souligné par d’autres, et de bien meilleurs que moi (voir par exemple S.Jay Gould, ou Philippe Bihouix)
- je ne suis pas économiste, ou spécialiste de l’énergie et donc pas forcément en mesure de contrer ses arguments (quoique…)
Il faut probablement des bateleurs, des bonimenteurs, pour remuer les idées et faire avancer le schmilblick. Je préfère ceux qui ont l’honnêteté de montrer leurs doutes, plutôt que ceux qui se drapent de leur compétence d’économiste pour asséner des « vérités ». L’attitude de Rifkin, visible dans le beau documentaire concocté par Philippe Starck sur Arte, est bien celle de celui qui sait, et qui donne des leçons. D’une manière générale, j’ai une méfiance naturelle pour ceux qui parlent de « révolution ». C’est une manière de dramatiser le propos qui me gêne, intellectuellement, et je garde toujours en tête l’idée — prise chez Michel Serres — qu’une révolution c’est aussi ce qui part d’un point et y revient. J’ai une pensée évolutionniste, pas révolutionnaire.
L’angle d’attaque que j’aurais choisi pour « tacler » Rifkin aurait été un peu différent : sa manière de traiter le « capitalisme » est vraiment démagogique et me rappelle celle d’un Alain Badiou. La pensée d’extrême gauche a tellement infusé les médias qu’il devient presque incongru de rappeler que le capitalisme est adossé de manière consubstantielle à la société libre, à l’état droit, et au respect de la propriété privée. A nouveau, ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain, même si c’est pour faire plaisir aux journalistes bobos, ou pour brosser dans le sens du poil le socialisme ambiant.
Il vaut mieux parler d’autre chose
Finalement, arrêtons de parler de Rifkin, qui n’en vaut pas vraiment la peine. Reconnaissons-lui un talent réel de lobbyiste et de conteur, et parlons sérieusement, avec des gens qui veulent traiter vraiment des sujets. Rifkin parle de plein de choses passionnantes, mais il biaise tout ce qu’il touche. Echangeons pour faire évoluer nos représentations. Je maintiens que le capitalisme, donc, et les sociétés ouvertes dans lesquelles nous vivons sont une source de progrès objectifs. Pas besoin de faire croire à un effondrement prochain de tout cela pour aborder les problèmes — réels – qui se posent, dans les pays capitalistes comme dans les autres…
Le mot de la fin à l’extraordinaire Hans Rosling (merci Max pour le lien), ça raccrochera avec mon billet sur le progrès, et ça redonne un peu de bon sens aux discussions :
Laisser un commentaire