Le paradoxe de la connaissance

C’est une pensée qui m’est restée, et très vive, depuis ma lecture des conférences de Karl Popper. C’est un paradoxe apparent seulement : plus j’apprends, plus j’augmente mes connaissances, et plus j’augmente le nombre de questions sans réponses qui s’ouvrent à  moi. L’étude nous enrichit, et augmente nos connaissances. Mais elle diminue en même temps la part relative de nos connaissances par rapport à  l’inconnu, ou à  la masse de problèmes irrésolus. Plus j’apprends, moins je sais – relativement. Ce n’est pas une pirouette, c’est la vérité.

La solution d’un problème engendre toujours de nouveaux problèmes, irrésolus. Lesquels sont d’autant plus intéressants qu’était plus difficile le problème initial et plus audacieuse la solution que l’on a cherché à  lui donner. Plus nous en apprenons sur le monde, plus nous approfondissons nos connaissances, et plus est lucide, éclairant et fermement circonscrit le savoir que nous avons de ce que nous ne savons pas, le savoir que nous avons de notre ignorance. [Karl Popper]


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Commentaires

8 réponses à “Le paradoxe de la connaissance”

  1. Avatar de Sam
    Sam

    Je ne sais pas si c’est un paradoxe, mais c’est en tout cas un phénomène étrange et fascinant qui amène un fait tout simple et qui impose de longue réflexion : plus l’espace du découvert est vaste, plus il y a à  découvrir..Surtout que généralement, ce ratio est exponentiel. ça rejoint un autre concept intéressant : l’entropie, o๠le fait que la quantité de désordre est toujours croissante dans l’univers. ça rejoint ce qu’il se passe dans la connaissance collective : plus on ordonne, en plaçant derrière des règles qui expliquent, plus l’esprit à  affaire à  de grandes quantités de phénomènes désordonnés :)J’aime !

  2. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    salut Sam !merci pour ton commentaire ! oui c’est fascinant. Et c’est un peu rassurant, d’une certaine manière : puisque plus j’apprends, plus j’étudie, et plus j’aurais à  apprendre, cela montre bien que l’objet de l’étude n’est pas que d’acquérir des connaissances, ou résoudre des problèmes (en tout cas nous pouvons tout de suite cesser tout espoir de « parvenir »), mais aussi bien un mode de fonctionnement, qui nous garde ouvert et humble. C’est déjà  pas si mal…

  3. Avatar de Juan
    Juan

    Je pense que le paradoxe est dans la « perception » de notre propre ignorance.
    Plus on essaie de la réduire, plus elle augmente.
     
     

    1. Avatar de BLOmiG
      BLOmiG

      bonjour Juan, merci pour ton commentaire. Je ne suis pas sà»r de bien comprendre : tu penses que c’est la perception de l’ignorance qui augmente, et pas l’ignorance ? J’ai le sentiment pour ma part que la remarque de Popper concerne les deux : à  la fois la perception/comprehension de notre ignorance, mais également l’ampleur de notre ignorance réelle. Je vois ça de manière imagée comme une zone fermée au sein d’un grand plan: l’intérieur de la zone est ce que l’on sait. Quand on en sait plus, on accroit la taille de la zone, mais aussi la longueur de son tour (la zone de contact avec l’inconnu). Du coup, oui, on augmente bien la quantité objective de trucs qu’on ne connait pas en en apprenant plus. C’est une vision (le plan infini comme métaphore du « connaissable ») qui implique que le savoir est une quête infinie…

      1. Avatar de Juan
        Juan

        Je parle uniquement de la notion de paradoxe. Donc de deux faits avéré mais contradictoire.
         
        D’un point de vue purement logique, les règles de
        l’univers ne changent pas à  mesure qu’on apprend. Dans l’absolu notre ignorance
        effective ne fait que diminuer à  mesure que l’on apprend. Je parle là  de la
        somme des connaissances que nous n’avons pas, indépendamment du fait que l’on ait
        conscience ou non de ne pas savoir.
         
        La seule chose qui change à  mesure que l’on apprend c’est
        notre perception de la zone d’inconnue dont tu parles.
         
        Je prendrais comme exemple enfant qui ne sait pas lire ni
        calculer. Pour l’exemple, disons que la somme du savoir absolu de l’univers se
        limite à  lire et écrire.
        Au début il ne sait rien et n’a pas conscience de ne pas
        savoir. Il n’y pas conscience de son ignorance, mais elle est pourtant là .
        C’est que lorsqu’il aura appris à  lire, qu’il va prendre
        conscience du fait qu’il ne sait pas calculer.
        Son ignorance absolue (ou universelle ?) a diminué.
        C’est bien la perception de son ignorance a augmenté.
         
        D’o๠ma posture sur le fait que le paradoxe se trouve dans la perception.
         
        PS: toutes mes excuses si c’est incompréhensible. Je ne suis pas très fort à  ce genre d’exercices.

        1. Avatar de BLOmiG
          BLOmiG

          si si c’est très clair. :) en fait, de ce que j’ai lu de Popper, il ne parle pas vraiment de nous, ou de notre perception, mais plutà´t des théories et de la connaissance sur le réel. Plus nous en savons, plus la liste des nouveaux problèmes augmente : quand nos connaissances progressent, nos théories sont plus « vraies » (au sens de correspondance avec le réel), et donc le nombre de nouveaux problèmes augmente mécaniquement. Des théories plus « vraies », et meilleures que celles d’avant, cela veut dire qu’elles sont plus générales aussi et plus universelles. Elles s’appliquent donc de manière plus large et plus profonde à  décrire le réel. Elles couvrent mieux et plus largement le réel : le nombre de cas limites, ou simplement à  vérifier, va augmenter, indépendamment du contenu de telle ou telle théorie…

  4. […] est en lien avec le paradoxe de la connaissance. Quand on est compétent dans un domaine, on se rend davantage compte de tout ce qu’il nous […]

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