J’ai animé pendant 5 ans un blog politique, Expression Libre. J’ai décidé récemment, faute de temps et d’énergie, de le fermer. Pour ne pas complètement écraser cette période, j’ai commandé l’impression papier des billets que j’avais publié. Un peu égocentrique, certes, mais intéressant quand même.
J’ai tout d’abord apprécié la qualité de l’impression et de la reliure des ouvrages réçus (commandés sur Lulu.com). C’est quelque chose quand même, de tenir un ouvrage papier, et de réaliser concrètement la quantité de travail fourni.
Ensuite, je me suis replongé par curiosité dans les premiers billets du blog, c’est-à -dire dans le début du livre. Et j’ai été frappé tout de suite par une chose : après tout ce temps passé à réfléchir, à lire, à écrire, à discuter, à argumenter, je me sens très proche, idéologiquement, de celui qui écrivait les premiers billets sur le blog. Quoi : tout ce travail pour ne pas changer ? Tout ce chemin, pour être aussi prêt du point de départ ?
C’est un sentiment complexe que j’éprouve depuis.
D’un côté, je me dis qu’il est finalement très difficile de se changer soi-même, même s’il y a eu des changements (à commencer par un changement de métier issu directement de mon activité de blogueur). Comme si une certaine conformation de l’esprit prévalait sur les éléments qu’on peut lui apporter, et sur les efforts qu’on lui fait faire. Plus d’inné que d’acquis ? Tout se joue avant six ans ? Je n’en sais rien. Est-ce simplement la continuité dans le sentiment de moi-même que je constate, ou l’inertie réelle à se décaler soi-même ?
D’un autre côté, cela m’évoque un tronc d’arbre, avec l’aubier (la partie vivante) et le duramen (la partie morte). Le duramen peut être plus important en volume que l’aubier, c’est quand même la partie vivante qui importe, mais qui se construit en s’appuyant sur la partie morte. C’est donc une question de valeur : le peu qui a changé pendant ces 5 ans a quand même beaucoup de valeurs à mes yeux. Les rencontres, ce que j’ai appris, tout cela compte plus que ce que ça a changé en moi. La dynamique est là , et cela fait partie aussi de la joie que j’ai eue à bloguer sur Expression Libre.
D’une manière générale, ça rejoint la vieille problématique du « changement » et du « permanent ». Qu’est-ce qui reste constant dans le changement ? Le mouvement et le changement n’ont de sens qu’au regard de quelque chose qui ne change pas. Pour ceux qui seraient curieux (ou pour des lecteurs nostalgiques au point de vouloir commander ces livres) :
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