Le fait de permettre aux gens de travailler jusqu’à 70 ans est-il une chance pour la liberté de travailler, ou une menace pour les salariés, un coin mis en place pour repousser l’âge légal de la retraite à 70 ans ? On retrouve sur ce sujet bien des clivages, et un PS égal à lui-même : gravement à côté de la plaque…
Le sujet change, pas les lignes
On reprend les mêmes, et on recommence ! Après le travail dominical, l’âge autorisé de départ à la retraite fait débat. On retrouve, encore et toujours, les mêmes clivages :
- entre ceux qui s’en tiennent à des principes et qui ne veulent pas en démordre (j’en fait partie) au risque de passer pour dogmatiques, et ceux qui veulent rester pragmatiques en toute circonstance, au risque de perdre toute cohérence
- entre ceux qui voient dans cette modification une atteinte portée au « droit à » la retraite à tel ou tel âge, et ceux qui voient dans cette modification une avancée dans la liberté de choix des individus (j’en fais partie)
Toutes les combinaisons sont possibles, bien sûr ! Le pire étant ceux qui de manière dogmatiques et presque par principe d’opposition, font semblant de voir là une atteinte aux droits des salariés, alors qu’à l’évidence une autorisation supplémentaire leur est donnée de choisir, en même temps qu’une chance de pouvoir être embauché. A 56 ans, si l’âge de la retraite est de 60 ans, il est plus difficile de trouver du travail que s’il est de 70 ans. Question d’intérêt réciproque. On n’investit pas sur quelqu’un qui part deux ans plus tard.
Les faits, et les principes
Il faut rappeler quelques évidences : pour ceux qui veulent s’intéresser au détail des mesures votées, une seule solution. Aller se renseigner. Authueil renvoit vers le très complet rapport d’information de l’Assemblée Nationale, en dénonçant au passage la désinformation ambiante. Un complément utile peut être trouvé chez Vincent Bénard: Dossier sur les retraites.
Pour ceux qui veulent parler des principes, et qui ne se satisfont pas des démonstrations chiffrées, si elles ne vont pas de pair avec des principes identifiables et explicites, il faut rappeler que :
- la liberté de choix des individus devraient primer ; qu’ils soient salariés ou employeurs. Si quelqu’un veut bosser à 75 ans, et qu’il trouve un employeur volontaire pour le payer, je ne vois pas à qui ça peut poser problème ?
- Le travail des uns ne se fait pas au détriment de celui des autres. Le travail n’est pas un gâteau qu’on se partage : c’est tout l’inverse. C’est le travail qui crée le travail…
- comme pour le travail dominical, la meilleure solution consiste à simplifier le code du travail, à déréglementer, plutôt qu’à aller – même dans le bon sens – en empilant les lois
Le PS, hallucinant de bêtise…
En rentrant du boulot hier, j’ai entendu un débat sur ce sujet à la radio. Et je dois avouer que j’ai été abasourdi par un des intervenants, tant ses arguments étaient creux, et sa manière de les dire, péremptoire…! Son nom : Gérard Filoche, Membre du Conseil National du PS, Inspecteur du travail. Les deux autres intervenants, d’un niveau nettement plus élévé, étaient Jean-Olivier Hairault[1. co-auteur du rapport publié par le Conseil d’analyse économique intitulé Les seniors et l’emploi en France (éd. de la Documentation française – 2005)] (professeur d’économie à Paris 1 Panthéon Sorbonne) et Denis Jacquat[2. rapporteur, justement du rapport sur les retraites de l’Assemblée Nationale cité par Authueil] (député UMP de Moselle).
Je bouillais dans ma voiture, car non content d’être particulièrement dogmatique, M. Filoche s’est permis de mettre en avant sa formation de juriste pour expliquer qu’un contrat de travail, en droit, constitue un rapport de subordination. Pour ajouter, quelques minutes plus tard, que « le contrat de travail est une subordination et que, donc, seul l’employeur peut rompre unilatéralement ce contrat ». Allons bon ! Je suis bien désolé de lui apprendre, mais cela est faux : un salarié peut rompre unilatéralement son contrat de travail, de la même manière qu’un employeur. Je ne comprends pas que les autres intervenants n’aient rien dit, et n’aient pas réagi à ce genre d’ineptie marxisante. Sa vision du travail, et du rapport employeur-salarié est tellement basée sur les rapports de force, qu’il en oublie toute vision économique des choses, et surtout toute notion de liberté contractuelle. Ce que lui a rappelé M. Hairault, d’ailleurs.
Qu’un soi-disant – auto-proclamé – juriste et inspecteur du travail voit ainsi les rapports contractuels, cela fait déjà froid dans le dos. Mais qu’en plus, il soit membre du conseil national du PS, ça aurait de quoi foutre les boules, si on ne savait pas déjà quelle est la vision PS du travail.
Ils assimilent – explicitement ! – le travail aux travaux forcés, sous le joug du patron qui a tous les droits, et tient donc à sa merci le salarié-esclave. Merci au PS d’élever le niveau des débats. Et de proposer des solutions pour rendre viable le système de financement des retraites…
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