Dans le Figaro du 11/08, Chantal Brunel, députée de Seine-et-Marne, porte-parole de l’UMP, a signé un article intitulé « Libéralisme et autoritarisme, le choc des modèles ».
Cela m’a intéressé, parce qu’il précise la ligne idéologique de l’UMP, et qu’il recoupe partiellement la problématique exposée dans la dernière citation du dimanche.
Le monde selon l’UMP
Le monde présenté par Chantal Brunel se découpe en deux « blocs » : les régimes capitalistes libéraux et les régimes capitalistes autoritaires. En clair, pour l’UMP, le capitalisme a gagné, et les questions du PS concernant le libéralisme sont un peu vaines.
Les querelles picrocholines sur la promotion du libéralisme politique, comme économique, sont dépassées.
Pourtant, quelques phrases plus loin, on peut lire :
la compétition mondiale n’oppose plus les sociétés libérales aux sociétés dirigées, mais les sociétés capitalistes libérales aux sociétés capitalistes autoritaires.
Outre la très juste remarque de Hayek consistant à rappeler qu’un gouvernement autoritaire pouvait conduire une politique d’inspiration libérale, cette phrase signifie bien qu’il y a une ligne de distinction entre « libéraux » et « autoritaires » parmi les capitalistes…La question du libéralisme reste donc bien centrale, quoi qu’en dise Mme Brunel.
Ensuite, elle précise qu’il y a bien deux libéralismes différents :
Force est de constater que le capitalisme autoritaire fait tache d’huile sur la carte du monde. Car si le cheminement est différent, la même logique est à l’oeuvre en Russie, et demain sans doute à Cuba et dans différents pays d’Amérique latine.
De l’autre côté, le capitalisme libéral semble évoluer en deux branches : le monde anglo-saxon d’une part, très attaché à la «pureté» de l’économie de marché et aux libertés individuelles, aspire à un minimum de régulation ; l’Europe continentale, d’autre part, qui cherche un consensus de ses principaux membres en faveur d’une économie de marché «à visage humain», pour éviter abus, inégalités et crises. Ce capitalisme européen me semble arrivé à l’âge de raison. Il aura à coeur de protéger ses marchés contre les effets négatifs de la mondialisation (hedge funds, fonds souverains). Il protégera ses salariés et assurera des conditions de vie correcte (santé, éducation, etc.) par la puissance publique. Conscient de ses propres excès, il cherche dès à présent des solutions pour réprimer les rémunérations indécentes, les golden parachutes, les retraites des dirigeants, qui ne reflètent pas la performance des intéressés.
En somme, entre capitalisme libéral et capitalisme autoritaire, deux cultures se regardent dans les yeux : pour l’une, la prospérité doit servir au bien-être de la société ; pour l’autre, la prospérité doit satisfaire l’appétit de puissance.
Je trouve cet article très pertinent, et très clair. Même si je ne suis pas d’accord avec cette vision ; du moins pas totalement. Et même si on y trouve l’approximation courante commise par les partisans de l’intervention étatique entre régulation et règlementation. Dommage.
Le PS modernisé, c’est l’UMP
Ce texte, finalement, décrit la ligne politique d’une gauche moderne, celle-la même que le PS n’arrive pas à incarner. L’ouverture, loin d’être le « coup » médiatique que dénonçaient les adversaires de Sarkozy, correspondait donc bien à cela : l’UMP, sous l’impulsion de Sarkozy, s’est transformée en un grand parti social-libéral, ou réformiste social.
Plusieurs questions se posent à la lecture de cet article :
- Puisque le grand parti de gauche français est l’UMP, quel sera le parti de droite ? Ou plutôt, puisque l’UMP incarne le réformisme « social », constructiviste, étatiste, quel parti pourra donner sa chance aux idées libérales ?
- Puisque l’UMP a gagné la bataille idéologique en menant de manière responsable la politique qu’aurait du proposer le PS, quel va être la place du PS, idéologiquement ? N’y a t’il pas un risque de voir le PS aller fricoter encore un peu plus avec l’extrême-gauche ?
- Quel place en France pour les idées libérales anglo-saxonnes ? Même une maigre culture des idées politique montre que le libéralisme dont se réclame l’UMP est ce qu’on appelle libéralisme utilitariste. C’est exactement ce que les penseurs libéraux dénoncent comme n’étant pas libéral. En légitimant le recours à la règlementation, en continuant à faire référence à une « justice sociale », l’UMP se positionne comme les « liberal » anglo-saxons. Qui pourra incarner l’équivalent des républicains américains, par exemple ?
Qu’en pensez-vous ?
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