J’ai voulu rebondir sur les faits divers d’enfants oubliés dans une voiture au soleil, pour vous présenter les chiffres de l’enfance maltraitée, pour le monde et pour la France. Histoire de se rendre compte de la situation. Des solutions existent pour permettre de sortir du cercle infernal : éloigner les enfants maltraités des parents qui ne peuvent pas leur donner un environnement stable et affectivement sécurisant.
Incompréhensible
Je ne comprends pas comment on peut oublier un enfant dans une voiture. Mon cerveau ne peut pas imaginer cela. J’en ai discuté avec un collègue l’autre jour, et il me trouvait « dur ». Mais désolé, non, je ne peux pas m’imaginer dans cette situation, et croire un instant que je pourrais oublier ma fille dans une voiture toute la journée. Impossible. La souffrance d’un enfant, à plus forte raison de mon enfant, est une pensée qui m’est – au sens propre – insupportable.
Ne tombons pas dans le piège de l’inévitable focus médiatique sur l’instantané et le fait divers : si certains sont capables d’aller travailler pendant que leur enfant meurt dans la voiture, il y en a aussi d’autres – plus nombreux – qui sont capables de les battre, de les détruire à petit feu chaque jour par des violences physiques, sexuelles ou psychologiques. Je suis allé voir les chiffres qui permettent de se rendre compte de la situation. C’est flippant, sincèrement.
L’enfance en danger
- 53 000 enfants ont été assassinés en 2002
- Entre 20 et 65% d’enfants en âge d’aller à l’école ont été brutalisés verbalement ou physiquement
- 150 millions de filles et 73 millions de garçons de moins de 18 ans ont subi des relations sexuelles non souhaitées ou d’autres formes de violences sexuelles
- Entre 100 et 140 millions de filles et de femmes dans le monde ont subi des mutilations génitales
- 218 millions d’enfants travaillent, dont 126 millions qui accomplissent des travaux dangereux
- 1,8 millions d’enfants sont entraînés dans la prostitution et la pornographie
- 1,2 millions d’enfants sont victimes de trafic
- Une estimation de l’OMS montre que dans le monde 40 000 000 d’enfants environ, de 0 à 4 ans, souffrent de mauvais traitements[1. lu sur le site de l’association « Touche pas à mon corps »]
Chiffres pour la France :
- En France, en 2005, le nombre d’enfants en danger[2. Les enfants en danger sont soit maltraités, soit en risque. L’enfant maltraité est « un enfant victime de violences physiques, de violences sexuelles, de violences psychologiques, de négligences lourdes ayant des conséquences graves sur son développement physique et psychologique ». L’enfant en risque est celui qui connaît des conditions d’existence qui risquent de compromettre sa santé, sa sécurité, sa moralité, son éducation ou son entretien, mais qui n’est pas pour autant maltraité.], c’est-à -dire maltraités ou risquant de l’être est de 97000 (source ODAS, cité par SOS Villages d’enfants)
- En intégrant les DOM, l’estimation du nombre d’enfants et de jeunes bénéficiant d’une mesure de protection sur la France entière est de 255 300 mineurs (1,8% des moins de 18 ans) et 23 400 jeunes majeurs (0,9% des 18-21 ans) à la fin de l’année 2005[3. Infos regroupées sur le site de l’ONED (Observatoire National de l’Enfance en Danger]
Au passage, je trouve ces derniers chiffres surprenants : le décalage est énorme entre le nombre d’enfants bénéficiant d’une mesure de protection, et le nombre d’enfants en danger. Est-ce parce que les mesures de protection sont en grande partie des mesures préventives ? Si c’est le cas, je trouve ça plutôt sain.
Pour mettre fin au cycle infernal
A nouveau, je ne peux imaginer ces actes innommables de violences envers les enfants, et tenter de les « comprendre », qu’en imaginant aussi que les adultes capables de ça doivent avoir de graves troubles affectifs, de « parentalité« , et qu’ils ont dû subir des choses affreuses dans leur enfance.
C’est le cycle infernal du malheur et de la violence : les enfants maltraités ont plus de chances que d’autres de connaitre des graves troubles du développement, lesquels les conduiront plus souvent que d’autres à reproduire ces violences. Ce cycle infernal peut être brisé, on le sait, les enfants peuvent s’en sortir : il faut pour cela les éloigner de la source de leur malheur, et qu’ils aient la chance de pouvoir s’appuyer sur un tuteur de résilience pour guérir de leurs traumatismes, et continuer à se construire malgré les blessures.
Le mieux pour cela est de permettre aux fratries de ne pas être détruites, et aux enfants d’être accueillis par des « parents » de substitution aimants et équilibrés.
C’est ce que permet, par exemple, l’action de S.O.S Villages d’enfants. Pas de sauvetage possible, s’il n’existe pas de solutions d’accueil potentiellement épanouissantes.
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