Mohamed Sifaoui, musulman laïc et démocrate, et connu pour son courageux combat contre l’islamisme, a vu sa protection policière supprimée au début de l’année. Il s’est fait agressé dans la rue le 13 juin dernier, en plein Paris (11ème), par plusieurs islamistes. Choquant, et incompréhensible…
J’ai appris la nouvelle par le biais de la newsletter de Riposte laïque. Cette information circule un peu partout sur le réseau, y compris et surtout sur le blog de Mohamed Sifaoui.
Mohamed Sifaoui (né en 1967) est un journaliste, écrivain et réalisateur algérien installé en France, qui se consacre principalement à l’investigation sur l’idéologie et le terrorisme islamiste, tout en se décrivant comme « musulman laïque et démocrate ».
Je ne peux que vous conseiller d’aller lire son article, dont voici un extrait :
Je suis certainement fautif. J’avais oublié qu’il ne fallait surtout pas accepter à rendez-vous au 133 rue Oberkampf dans le 11e arrondissement de la capitale. C’était à deux pas de la mosquée de la rue Jean-Pierre Timbaud, celle-là même qui abrite les fanatiques de tous poils depuis déjà une vingtaine d’années. Celle-là même qui avait été fréquenté par Ali Saleh le tueur intégriste des années 1980, celle-là même qui accueillera les émules du GIA dans les années 1990, celle-là qui laissera se propager, dans son sein, l’idéologie de Ben Laden dans les années 2000 et celle-là même, enfin, qui a fait l’objet, entre 2002 et 2003, d’une de mes enquêtes sur des membres du GSPC algérien, rebaptisé depuis Al-Qaida au pays du Maghreb islamique.
Je fus donc agressé. Les tenants de la haine s’en réjouissent déjà sur le Net et dans les salles de prières. Les esprits munichois se disent « enfin, il l’a bien cherché », d’autres s’en foutent éperdument. Cela ne me touche pas outre mesure puisque je sais depuis fort longtemps que c’est ainsi que commence la banalisation de la mort d’un homme. Mais c’est ainsi surtout que commence l’avancée du fascisme. J’ai d’ailleurs bien vu que la foule qui a assisté à l’agression n’a pas bronché. Un « Arabe » qui se fait agresser par un autre « Arabe », ce ne sont les oignons de personne. Même le barman n’a pas osé appeler la police. Seule la personne qui m’accompagnait a tenté de s’interposer. Drôle d’époque et drôle de société !
En janvier dernier, la protection policière dont je bénéficiais depuis 2003 a été supprimée unilatéralement et par le fait d’un homme, en l’occurrence, le directeur des RG au niveau de la Préfecture de Paris. Atteint par le fait du prince, ce fonctionnaire, carriériste, dénué de conscience, veut que ma vie soit désormais mise en danger. Une telle agression, je le sais, peut se reproduire, à n’importe quel moment. Elle peut prendre d’autres tournures, je ne l’espère pas, mais peut-être plus dramatiques. Je l’ai toujours dis : en ce qui me concerne, j’assumerai jusqu’au bout, jusqu’à mon dernier souffle, toutes mes positions, je n’en renierai aucune d’elles, mais je ne sais pas si l’État français est prêt à assumer ses responsabilités.
Mais que l’État sache simplement qu’il est indigne de la France qu’un fonctionnaire zélé, incompétent et inconscient puisse ainsi se permettre de se jouer de la vie d’un père de famille et ternir, par là même, l’image de ce pays.
Sifaoui précise que l’agresseur est le frère de deux membres du GSPC algérien dont l’un purge une peine de prison en France pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Le mieux à faire, pour l’heure, est d’aller sur son blog lui mettre un mot de soutien, je pense…
Au passage, je ne peux pas me retenir d’associer à ce billet une vidéo que je comptais vous proposer dans mes conseils de lecture, mais qui me semble adapté au sujet. L’article original était sur Point de Bascule, et s’intitulait « Une école coranique en France, amour tolérance et paixTM »
Le mot de la fin à Mohamed, bien sûr :
Quoi qu’il en soit – et que le message soit compris aussi bien par les islamistes que par les autorités – je ne raterai aucune occasion pour dire ce que je pense des intégristes, des terroristes, des tueurs et des assassins qui veulent nous terroriser et nous empêcher de parler. Je continuerai – je n’aurais de cesse de le répéter – quitte à y laisser ma vie. Si la France veut abdiquer devant ces salauds d’islamistes, c’est son problème, ce n’est plus le mien.
Laisser un commentaire