Retour sur les réformes qui ont eu lieu en Finlande, et qui ont permis à son système éducatif de devenir en moins de 30 ans, l’un des premiers au monde. Pas de mystères : autonomie des établissements (mis ainsi en concurrence), choix des professeurs par le directeur d’établissement, élèves placés au centre du système, peu ou pas de notation, choix des élèves dans leur cursus, professeurs experts payés au mérite, et virables. Du bon sens : veut-on en France faire de la réussite des élèves la priorité, ou faudra-t-il encore supporter longtemps l’immobilisme protecteur des corporations ?
J’ai entendu à la radio un débat intéressant hier, sur les lycées. Le journaliste a, de manière très opportune, repassé un extrait d’une intervention d’un ancien inspecteur de l’Education Nationale, maintenant chroniqueur chez Phosphore (je n’ai malheureusement pas réussi à me rappeler de son nom). En 45 secondes, les bases du débat étaient posées. Il rappelait ce qu’est le système éducatif Finlandais, et en donnait les forces.
L’excellence Finlandaise
Tout d’abord, l’excellence n’est pas annonçée comme ça, sans la quantifier. Le classement PISA (évaluation du niveau des élèves par l’OCDE) a montré régulièrement que les élèves finlandais arrivaient en tête du classement (la Finlande est depuis plusieurs années dans les premiers, et a fini en tête du PISA 2006).
Paul Robert (principal du collège Neslon Mendela à Clarensac dans le Gard) a été faire la visite en Finlande d’un lycée, et en a fait un compte-rendu détaillé. Une partie de ce compte-rendu est en ligne. Je ne peux que vous conseiller d’aller le lire, tant il est limpide, concis et détaillé. Il en a fait un livre depuis.
Les raisons d’un succès incontesté
Les points forts selon Paul Robert sont les suivants (je reprends les titres des trois grandes parties de son rapport :
- Chaque élève est important
- Des professeurs experts
- L’évaluation comme levier de changement
L’intervention à la radio rappelait les points suivants :
- Pas de statut de fonctionnaire pour les professeurs (le chef de l’établissement peut les virer)
- Décentralisation réelle, et autonomie très forte des établissements y compris dans le recrutement des professeurs
- Education orientée vers l’enfant et sa réussite (moins de notes, plus grande liberté de choix dans les orientations, fort taux d’encadrement)
- Evaluation permanente des établissements
- Mise en concurrence des établissements
Tout cela est déjà identifié et pourrait s’appliquer au système français. Un extrait – pour la route – de cette approche que certains n’ont bien sûr pas tardé à décrire comme irrecevable pour cause de « libéralisme » :
Il n’y a pas en Finlande de « mouvement national », ni même régional ou départemental. Ce sont les municipalités, dotées de très larges compétences en matière d’enseignement, qui ont la responsabilité du recrutement. Elles la partagent avec les établissements, dont les directeurs participent aux commissions et peuvent influer sur les décisions en fonction de leurs besoins et de leurs attentes. Les enseignants sont ensuite payés directement par les établissements, dont les budgets, abondés par les municipalités, comprennent les salaires du personnel.
Paul Robert, L’éducation en Finlande, les secrets d’une étonnante réussite.
En gros, l’évaluation n’est plus mise sur les élèves (qui ne sont pas notés jusqu’à 16 ans), mais sur les profs et les établissements. En France, c’est l’inverse : les élèves sont sans cesse notés, tandis que les profs peuvent n’être évalués qu’une fois tous les 10 ans. Pour rappel, l’école n’est obligatoire en Finlande qu’à partir de 7 ans. L’ambiance dans les jardins d’enfants, ou dans les collèges / lycées y est « familiale ». Il faut noter par ailleurs que les profs s’y retrouvent, bien sûr, puisqu’ils sont épanouis, et heureux d’enseigner à des élèves qui réussissent. Tout le monde y gagne !
Alors, à tous les gouvernements et à tous les ministres de l’éducation, il faut poser cette question simple : votre priorité est-elle de ne pas froisser les fonctionnaires, ou est-elle de tout mettre en oeuvre pour que l’école retrouve sa vocation première – à savoir l’éducation et l’épanouissement des élèves ?
Sur le site du PISA, on trouve une présentation PowerPoint des résultats 2006, et dans celle-ci un graphe intéressant, je trouve. L’axe horizontal décrit l’équité de l’enseignement (à gauche les pays où l’origine sociale a une forte influence sur les résultats, à droite ceux où l’impact est moindre), tandis que l’axe vertical décrit la performance des élèves (leur résultat au test PISA, donc). La France se situe dans la carré en bas à gauche : faible performance, et mauvaise équité sociale. A ressortir à tous ceux parmi les conservateurs anti-changement qui assènent à longueur de journée qu’il ne faut rien changer au système, au prétexte qu’il serait garant de l’égalité sociale. Foutaises !
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