On a appris ce matin, par la voix du rapporteur général du budget à l’Assemblée Nationale, que l’objectif de ne pas remplacer un départ à la retraite sur deux dans la fonction publique ne serait pas tenu en 2008. On pourrait s’en affliger, si cet objectif n’apparaissait pas – au vu de ce qui s’est fait dans les autres grands pays occidentaux – comme déjà particulièrement peu ambitieux. Si cet objectif était tenu (et il ne le sera pas!), on arriverait sur une diminution de l’ordre de 4% du nombre de fonctionnaires, là où les autres pays ont réduits de l’ordre de 20% leurs effectifs.
Info entendue ce matin à la radio :
Pour le rapporteur général du budget à l’Assemblée nationale Gilles Carrez (UMP), l’objectif de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite n’est pas tenable en 2008.
Source : 20minutes
Une petite citation de Jacques Marseille, grand pourfendeur du gaspillage de l’argent du contribuable opéré par l’Etat :
A cet égard, le constat fait pratiquement force de loi : l’expérience accumulée par les autres pays depuis vingt-cinq ans montre que les onze pays développés qui ont le plus diminué leur taux de chômage sont ceux qui ont le plus baissé leurs dépenses publiques en faisant travailler moins de fonctionnaires mais plus efficacement. Faut-il rappeler que, malgré le nombre de fonctionnaires travaillant à Bercy, sur les 12 milliards d’euros en moyenne par an de rappels d’impôts non réglés et faisant l’objet de pénalités et d’intérêts de retard, 7,5 milliards ne sont jamais recouvrés ? Faut-il rappeler que la France compte 83 enseignants dans le secondaire pour 1 000 habitants là où l’Allemagne en compte 66 et le Royaume-Uni 60 ? 2,2 agents des impôts sur 1 000 habitants là où le Royaume-Uni en compte 1,3, la Suède et le Canada 1,2 ? Faut-il rappeler que la France dispose de 1 987 fonctionnaires pour soutenir les exportations alors que l’Allemagne, qui pèse le double de la France en pourcentage du commerce mondial, en compte 1 046, presque un sur deux en moins ?
Source : Le Point, La rupture, c’est pour quand ?
On le sait bien, pourtant, que les autres pays l’ont faite, cette réforme consistant à réduire les dépenses publiques en diminuant le nombre de fonctionnaires, tout en améliorant la qualité du service public :
Dans la plupart des pays développés, la crise économique de 1990/91 a creusé les déficits des finances publiques et obligé les gouvernements à réagir. Plusieurs d’entre eux ont réussi à diminuer les dépenses publiques, notamment en réduisant le nombre de fonctionnaires. Dans un délai de 3 à 5 ans à partir de 1992, les effectifs des fonctionnaires d’Etat ont baissé de 22% en Australie, de 20% en Grande-Bretagne, de 17% aux Etats-Unis, de 14% en Espagne, de 38% en Suède, de 7% en Italie. Mais l’exemple sans doute le plus significatif, et le plus instructif pour notre pays, est celui du Canada (Sur les trois années 95, 96 et 97, la masse salariale des fonctionnaires fédéraux baissa de 14%, tandis que celle des fonctionnaires des provinces baissait de 3,7%)
Pour raisonner avec des ordres de grandeur, il faut se souvenir que le nombre de départs en retraites de fonctionnaires en France est de l’ordre de 70000 / an (entre 60000 et 70000 en 2008, 82000 en 2009). Pour un nombre total de fonctionnaires de l’ordre de … 5,2 millions !
Bien loin d’avoir diminué sur la dernière décennie, le nombre de fonctionnaires a augmenté entre 1994 et 2005 :
Fonctionnaires territoriaux : + 31% (1 613 221). Fonctionnaires d’Etat : + 4,5 % (2 302 697)
Source : rapport annuel sur l’état de la fonction publique 2006/2007
Ces chiffres – qui sont pour le moins à prendre avec des pincettes ( la précision à l’unité donnée sur le nombre de fonctionnaires est drôle, quand on sait que l’Etat ne sait pas vraiment combien il embauche de gens…à plus de 10000 près !) – comparés avec avec ceux des autres pays, ne rendent pas très confiant sur la volonté de réforme du gouvernement !
En effet, même avec 40000 suppressions de postes par an (ce qui est loin d’être le cas!), pendant 5 ans, on aboutit à une diminution du nombre de fonctionnaires de … 4%. C’est dire si les réformes structurelles mises en avant pas Fillon doivent inclure des « vraies » suppressions de postes (pas seulement des non-remplacements) : cela implique de lancer pour de bon le chantier de redéfinition des missions de la fonction publique, pour mettre fin à l’hémorragie. Du courage sera nécessaire, c’est le moins que l’on puisse dire !
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