Développer l’alternance école-entreprise le plus tôt possible

Michel GodetAprès la proposition de Pascal Salin (Ouvrir l’assurance maladie à  la concurrence Européenne), je vous présente aujourd’hui celle de Michel Godet. Son idée à  lui, comme piste de réforme vers le plein emploi, est d’améliorer l’adéquation entre la formation des jeunes et la demande des entreprises, en favorisant les formations en alternance. Sans oublier d’insister sur le rôle des éducateurs (parents, profs, travailleurs sociaux) pour que les jeunes acquièrent l’indispensable complément au savoir-faire : le savoir-être.

Je ne vous cache pas que j’aime beaucoup Michel Godet. Michel Godet est Professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers (titulaire de la Chaire de Prospective Industrielle) où il dirige aussi le LIPSOR (Laboratoire d’Investigation en Prospective, Stratégie et Organisation). Il participe à  la réflexion publique au sein du Conseil d’Analyse Economique (Cae) rattaché au Premier Ministre.
J’avais lu, l’an dernier, son excellent bouquin « Le courage du bon sens ». Le livre d’un vrai réformiste, pragmatique, libéral. Le livre d’un homme choqué par les errements de la fameuse « exception française » :

La France, toujours soucieuse d’exception, est le seul pays développé où le chant des cigales est encouragé et le travail supplémentaire des fourmis pénalisé. Sur 100 Français en âge de travailler, 62 ont effectivement un emploi contre plus de 65 Allemands et de 70 Anglais, Portugais ou Suédois, et près de 75 Américains. Dans ces derniers pays, les congés annuels sont deux fois moins longs, la durée hebdomadaire de travail dépasse les 41 heures et le taux de chômage y est le plus faible.

Ce sont bien le travail et l’activité qui créent l’emploi. Comme dans le sport, c’est par l’effort et l’entraînement que l’on devient champion et non par l’oisiveté. Or, avec le tournant annoncé de 2006, cette situation va s’aggraver. Pour la première fois depuis quarante ans, la population active, en France, va cesser d’augmenter et même commencer à  diminuer inexorablement alors que le nombre de retraités va exploser : 600 000 par an à  partir de 2006 contre 300 000 par an entre 2000 et 2005. Les Français devront retrouver le chemin de l’effort pour ne pas trop se serrer la ceinture et déchanter après l’été de la réduction du temps de travail. Il faudra certainement ramer au moins autant que nos voisins, c’est-à -dire plus qu’aujourd’hui, pour ne pas encore reculer !

Michel Godet, dans « Le choc de 2006« .

Son intervention au 2ème congrès d’Alternative Libérale m’avait beaucoup plu également.
Dans le Figaro Magazine du week-end dernier, dossier « 12 idées pour réformer la France », il propose une piste pour aller vers le plein emploi.

Rien n’est plus choquant et révoltant que d’avoir des jeunes au chômage, alors que les entreprises se déclarent prêtes à  embaucher et à  former des dizaines de milliers de jeunes qu’elles désespèrent de trouver. Un bref calcul montre que sur 100 jeunes en âge de travailler dans la tranche des 16-25 ans, seuls 37% sont « actifs », dont près du quart au chômage ; les autres étudient. C’est ainsi qu’il n’y a que 9 jeunes sur 100 dans la rue ou au chômage.

Au total, ce sont 150 000 jeunes (20% d’une génération) qui sortent de l’école sans diplôme, dont 50 000 jeunes qui sont en échec avant la fin de la scolarité obligatoire. Bonne nouvelle : parmi ces 20% qui ont échoué à  l’école faute de maîtriser les savoirs de base, une bonne moitié a le minimum de « savoir-être » (autonomie, épanouissement, sociabilité…) pour trouver un emploi, les autres non. La clé du chômage des jeunes passe certainement par des systèmes d’alternance école-entreprise, le plus tôt possible pour ceux dont l’échec a commencé dès le primaire.

Mais il faut surtout demander aux référents (parents, enseignants, travailleurs sociaux) de mieux remplir leur devoir d’éducation, car, si le savoir-faire peut s’apprendre sur le tas, le savoir-être commence au berceau.

Michel Godet, dans le Figaro Magazine du 22/23 mars 2008

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Commentaires

  1. Avatar de Lorrain13

    Il approche la vérité. Il n’a pas été jusqu’au bout de la réflexion. Pas de doute là -dessus.
    Il y a une réforme importante à  faire, oui. Souvenez-vous de ce que Claude voulait faire tondre le pachyderme…
    J’ai pris conscience suite aux conseils prodigués en Terminale C par le « prof » responsable de la classe de ce Lycée, oà¹, j’avais confié mon fils. Lorsque j’ai su ce que professait ce « responsable » j’ai bondi, suis allé lui poser quelques questions, auxquelles il n’a pas pu répondre car il ne savait pas…
    Il voulait que mon fils deviennent Ingénieur informaticien… Je lui ai demandé, combien d’entreprises avez vous dirigé ?
    n Aucune !
    Combien coà»te un Ingénieur ?
    n Je ne sais pas !
    Combien d’heures de travail réel passé à  travailler sur des programmes, codes source chaque jour, produites concrètement ?
    n Je ne sais pas 6 ou 8 !
    Je lui ai dit, moi j’ai dirigé… Un Ingénieur nul ne peut dire avec précision combien d’heures il travaille vraiment sur du code source, je pense moins de deux heures par jour. Je sais combien cela coà»te, Ingénieur débutant, 3000 euros, chargé 6000 euros par mois. Pour 40 heures de travail par mois. Un Ingénieur Indien coà»te 600 euros et travaille 10 à  12 heures par jour pour garder sa place. Il va travailler en gros 200 à  240 heures par mois. Pour ce prix (coà»t) je vais ainsi prendre 10 ingénieurs Indiens. Qui vont produire 2400 heures de travail contre 40… Sur la même période. Je n’ai pas à  gérer tous les frais, les absences…
    J’ai conclu devant cet aréopage de « responsable » l’avenir de mon fils c’est mon problème, si vous le permettez contentez-vous de transmettre votre savoir, ce dont vous êtes en charge, n’allez pas mettre dans la tête de mon fils des inepties d’irresponsable.
    Voyez-vous o๠je veux en finir… Je suis très clair et concret… J’ai bien l’intention, de développer ce sujet sur mes blogs, je vais dire avec précision, pourquoi et comment réformer… Mon propos n’est pas pour faire plaisir, je suis réaliste, les jeunes aussi le sont.

  2. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    salut Lorrain13,
    merci pour ton commentaire, et pour ces éléments de réflexions. Oui, les profs ne connaissent pas toujours la réalité concrète du terrain et du monde professionnel qui attend les élèves. C’est pour ça que la proposition de Michel Godet est effectivement excellente et indispensable.

    Je pourrais multiplier les exemples de ce type, car ma formation universitaire longue, et mon parcours actuel dans la recherche privée, me montre à  quel point il existe des ilots de personnes déconnectées de la réalité. A aucun moment de mon parcours universitaire (jusqu’au doctorat!), je n’ai été formé à  la conduite de réunions, à  la conduite de projet, à  toutes ces choses qui constituent maintenant l’essentiel de mon activité. Qui évalue la qualité de la formation universitaire ? Qui demande aux professeurs des universités, grassement payés, de se remettre en cause et de former les étudiants à  autre chose qu’au métier de prof de fac / chercheur ?

    il y a du boulot, et je fonce lire votre blog pour participer à  vos discussions / réflexions !

    à  bientà´t !

  3. Avatar de Lorrain13

    En fait : Le véritable fléau est le manque d’industries, d’usines… de grands chantiers, il n’y a pas assez de travail. Pour limiter le nombre de chà´meurs, on maintient de façon artificielle des jeunes dans des filières universitaires o๠ils ne devraient pas être… Afin d’en garder un grand nombre on baisse le niveau des études. J’ai eu sous les yeux un grand nombre d’écrits, mémoires ou thèses… Mon Dieu ! C’est plombé de fautes… Il y a huit années en arrière on trouvait 6 à  8 fautes par page, aujourd’hui le nombre en est bien supérieur…
    Cela est à  mon sens un grand danger. Je ne dis pas que je ne fais pas de faute moi-même, au moins je fais attention à  en limiter la prolifération…
    Je continue de penser que l’enseignement doit être rigoureux, l’éducation doit s’adapter, ne pas accepter tout et n’importe quoi, ce qui explique la dilution, le nivellement par le bas.
    Commençons par contrà´ler évaluer, former les enseignants sous le contrà´le de commissions paritaires formées de membres représentatifs du monde de l’entreprise, du travail.

  4. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    Salut Lorrain13.
    Je ne suis pas sà»r de partager le constat : « le véritable fléau est le manque d’industries, de grands chantiers, il n’y a pas assez de travail. »

    Cela est vrai peut être dans certains secteurs. Mais la réalité, c’est qu’il y a en France plusieurs centaines de milliers de jobs non pourvus. C’est à  dire des boulots disponibles en excès. Le manque de travail est donc à  mettre en doute, il me semble.

    Par ailleurs, ok pour évaluer les enseignants, et ok pour faire attention au nombre de fautes par page. J’y suis moi-même très sensible.

    Enfin, il me semble que ce qui manque surtout dans notre système, c’est la concurrence. Une fois les formations, les établissements mis en concurrence, les bonnes solutions émergeront naturellement et seront sélectionnées par la concurrence et par les résultats. Il n’y aura plus besoin d’imaginer de toute pièce des systèmes improbables car trop artificiels. Laissons les humains, chaque être humain, inventer et proposer des solutions. On a le droit de se tromper.

    à  bientà´t !

  5. Avatar de Lorrain13

    Je base le raisonnement sur le fait, du point de vue technique, nous sommes à  même de faire des prouesses d’avant-garde. La question est pourquoi ne faisons-nous pas des usines ultra-modernes, modulables, adaptables ?… J’ai en tête le souvenir de cette usine Toyota que j’ai visité plusieurs fois à  Ancenis. Tous, ingénieurs, techniciens sont en T-shirts Toyota bien évidemment été comme hiver, dans l’usine o๠un fond musical est audible, peu de bruit, des allées larges… Température constante… Vraiment on s’y sentait bien. Les taux de production vous imaginez…
    Nous devrions créer davantage en France, des outils du futur…
    Pour le chà´mage, si on le voulait vraiment, il serait résorbé totalement en deux ou trois mesures…
    Dans les réformes prioritaires, je ferai en sorte, je suis ok avec votre point de vue que les enseignants soient considérés comme des privés, libre concurrence, pour finir la suppression du service national a été une à¢nerie. Cela permettait de filtrer, trier, analyser, canaliser, fédérer… Ces outils manquent cruellement. Etre français ce n’est pas percevoir des prestations sociales uniquement. Pour finir pas d’argent sans travail en contrepartie. Je suis naturellement de ceux qui ne veulent pas voir des gens crever de faim… Mais pas d’argent sans un travail en contrepartie. Si on veut on peut…

  6. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    Salut,
    Il me semble que l’invention des solutions du futur ne viendront pas d’un esprit omniscient et centralisateur, mais bien de l’extraordinaire richesse de l’ensemble des individus, de la liberté laissée à  l’imagination et à  l’innovation. L’usine Toyota n’est pas née dans le cerveau d’un homme politique collectiviste, mais bien des vues de rentabilité d’une entreprise privée. Voilà  qui devrait faire réfléchir les marxistes en herbe qui voudraient tout politiser, et voir l’Etat mettre son nez partout.

    Ok avec ton point de vue sur l’argent en contrepartie d’un travail. A nuancer selon les possibilités de chacun tout de même.

    à  bientà´t

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