Dans le très bon dossier du Figaro Magazine de ce week-end consacré aux réformes, figure une liste de 12 idées pour réformer la France. 12 intervenants prestigieux proposent chacun, dans un format très court, une idée forte pour réformer la France. Aujourd’hui je vous livre celle de Pascal Salin : « Ouvrir l’assurance maladie à la concurrence européenne ». Tout un programme, politiquement incorrect !
J’ai été déçu, d’abord, de voir que les 12 idées proposées étaient formatées de manière très brêve, sans développement. Et puis, après réflexion, je me suis dit que c’était bien mieux ainsi : les intervenants, contraints d’expliciter leur idée en quelques paragraphes, sont obligés d’aller droit au but, quitte à simplifier un peu leur propos. Les 12 idées n’en sont que plus stimulantes, et j’avais envie de les partager, chacune à leur tour, avec vous. Commençons par celle de Pascal Salin (idée #9), professeur à l’Université de Paris IX Dauphine, économiste, spécialiste de la finance publique, et grand penseur libéral.
Pour les hommes de l’Etat, renforcer la construction Européenne signifie essentiellement coordonner et organiser les pouvoirs en Europe, développer l’Europe politique, combler le « déficit démocratique ». Mais il n’est pas nécessaire de « construire » l’Europe, suivant en cela le rêve technocratique de tous les planificateurs du monde, ce rêve qui a conduit partout à l’échec économique et même à l’asservissement des populations. Il faut seulement laisser les européens agir et échanger librement, c’est à dire permettre à la concurrence de jouer partout son rôle. Il existe actuellement en Europe un étonnant paradoxe : les autorités européennes prétendent défendre la concurrence au moyen d’une « politique de concurrence » qui constitue en fait bien souvent un obstacle à la liberté d’agir, donc un obstacle à la concurrence. Mais elles ne veulent pas se soumettre elles-mêmes à la discipline de la concurrence. Celle-ci impliquerait concrètement, par exemple, de ressuciter la « directive Bolkenstein« , c’est-à -dire de donner à tous les européens la liberté d’acheter des services soumis aux règles fiscales ou légales du pays d’origine ; de renoncer définitivement à tout effort d’harmonisation fiscale pour laisser au contraire s’épanouir la concurrence fiscale ; ou encore de permettre à tous les citoyens d’acheter leur assurance maladie au prestataire de leur choix dans le pays de leur choix, sans être obligés de s’affilier au régime obligatoire d’un monopole public. Pour que l’intégration européenne ait un sens, il n’y a pas d’autre voie que de rendre leur liberté à tous les Européens.
Pascal Salin
Ca claque, non ? J’avais déjà parlé ici, ou là , des monopoles. Pour prolonger vos lectures sur ce sujet de l’ouverture à la concurrence de la Sécu, je ne peux que vous conseiller d’aller faire un tour chez Laure Allibert (Quitter la Sécu), qui suit de près les péripéties de ceux qui veulent voir le droit Européen s’appliquer en France. N’hésitez pas à réagir en commentaire, je sais que ce sujet est sensible, et cristallise beaucoup de différences de points de vue…
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