Retour sur la grêve des taxis : le gouvernement a assuré hier aux taxis que la mesure de dérèglementation du secteur, proposée par la commission Attali, n’était pas à l’ordre du jour. Victoire, une fois de plus, de la logique de corporatisme, et des monopoles installés par la contrainte. L’intérêt général est déjà à la base une notion bien floue et arbitraire : quand on le sacrifie sur l’autel du corporatisme, il ne reste plus grand chose…
Hier soir, j’ai mis une heure de plus que d’habitude à rentrer du boulot : bouchons sur l’autoroute, causé par une petite sauterie des taxis. J’étais d’autant plus furax, qu’avant de finir mon trajet, j’ai entendu à la radio que le gouvernement avait « rassuré » les taxis : le gouvernement enterre la proposition de la commission Attali, et ne dérèglementera pas le secteur.
Le Chafouin y voit l’illustration de la « crise démocratique », tandis qu’Autheuil souligne qu’une fois de plus, les conservatismes ont gagnés, et pose un regard pessimiste sur l’avenir des réformes. Je les rejoins sur ces deux points. Le mot de monopole est adapté à la situation, car il s’agit bien là d’une situation de monopole obtenu par la contrainte. Forcément avec l’aide de l’Etat, puisque l’Etat est le « monopoleur de la contrainte ». Cela rejoint les discussions que nous avions eu ici, sur la différence entre un monopole légitime et un monopole illégitime. Je ne reviens pas là -dessus.
Ce qui me semble clair, c’est qu’un monopole a été menacé, que les détenteurs de ce monopole sont allés voir celui (l’Etat) qui leur permet de le maintenir par la contrainte, et qu’ils ont obtenus gain de cause. A aucun moment, les médias n’évoquent la perte d’activité liée à ce genre de décisions : l’ouverture à la concurrence aurait pourtant permis la création de nombreux emplois supplémentaires, et à la formidable force de contrôle externe de l’activité que représente la concurrence de jouer son rôle. La concurrence favorise l’innovation, l’activité, la régulation.
Les taxis continueront donc tranquillement d’étrangler un service pourtant indispensable. Entre les taxis, la RATP et la SNCF, on peut dire que les français sont vraiment bien servis par les monopoles. Le « service public » de transport est réellement dans une situation sclérosée, étatisée au possible, ficelée. Le mot « public » n’est là que pour rappeler que c’est l’Etat qui règlemente tout ça ; la création de nouveaux services de transport adaptés à la demande du marché n’est pas pour tout de suite…Allons nous – encore – attendre que la nécessaire et juste ouverture du marché à la concurrence vienne de Bruxelles ?
Edit : En complément, des éléments de réflexions intéressants se trouvent dans l’article de Jacques-Philippe Gunther (avocat à la Cour) : Monopole des taxis : et l’intérêt général ?.
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