Pour ET contre la discrimination

différencesLa discrimination est-elle toujours négative ? Une simple vérification dans le dictionnaire permet de se rendre compte que non, et qu’il est même indispensable de bien distinguer la nécessaire non-discrimination aux yeux de la Loi, de la non-moins indispensable discrimination liée aux choix de vie faits par les individus, et qui sont du ressort de leur liberté. Pour ne pas voir l’arbitraire devenir autre chose qu’individuel : quand les gens ne sont plus égaux devant la Loi, c’est le début du totalitarisme.

Définitions

La discrimination est un gros mot dans le langage de la bien-pensance. Comme toujours, il est utile de comprendre pourquoi, et de voir s’il est raisonnable de se mettre confortablement dans la pensée facile. Le dictionnaire ne peut que nous aider dans cette tâche.

Discriminer :

Différencier, en vue d’un traitement séparé, (un élément des autres ou plusieurs éléments les uns des autres) en (le ou les) identifiant comme distinct(s).

et puis :

Discrimination :

  1. [Sans idée de traitement inégal] Action, fait de différencier en vue d’un traitement séparé (des éléments) les uns des autres en (les) identifiant comme distincts. Synon. distinction.
  2. [Avec une idée de traitement inégal]
    1. ÉCON. Pratique consistant à  vendre le même produit, dans le même moment, à  des prix différents selon divers critères (acheteur, lieu, usage, etc.).
    2. Souvent péj. Traitement différencié, inégalitaire, appliqué à  des personnes sur la base de critères variables. Par ex. Discrimination raciale. Synon. ségrégation (raciale).

La discrimination, avant d’être l’épouvantail que l’on connait (qui se focalise sur le dernier sens, associé à  la ségrégation raciale), est donc l’action de traiter différemment les choses en les distinguant. C’est une des actions de bases de l’intelligence humaine. Etre capable de saisir des rapports, identifier les différences, et en tenir compte dans ses actes. La vie de tous les jours, pour chacun d’entre nous, est synonyme de dicrimination : je choisis d’aller dans tel ou tel restaurant, je préfère fréquenter telle ou telle personne, etc. selon des critères qui me sont propres, et qui ne sont pas nécessairement les mêmes pour tout le monde. Vouloir supprimer toute discrimination, c’est vouloir faire taire l’intelligence, et la subjectivité des individus. La discrimination est donc indispensable, et utile.

Il y a pourtant un domaine où la discrimination n’est pas acceptable, c’est quand on touche à  l’égalité de traitement des individus devant la Loi. La base d’une société libérale, fondée sur un état de droit, c’est justement cela : la non-discrimination des individus devant la Loi. Chacun, quelle que soit sa couleur, son sexe, sa religion, sa profession, etc… doit être traité de la même manière par la Loi. Sur ce point, et seulement sur ce point, combattre la discrimination est indispensable.

Pourquoi il faut discriminer

Il me parait important de rappeler ces deux sens de la discrimination, car l’ambiance actuelle pousse à  ne pas discriminer (ou plutôt, à  ne pas dire que l’on discrimine). Il faut être rigoureux là -dessus : chacun dans ses affaires privées, doit avoir le droit de discriminer comme il l’entend. La propriété privée, par exemple, donne droit à  l’exclusion. Ce qui est à  moi (ma maison, par exemple) me donne un droit d’exclusion : je reçois chez moi qui je veux, et j’en écarte qui je veux. Quand on force, par la loi, des établissements privés à  accepter tout le monde, on commet à  mon sens une erreur. Et c’est ce que la jurisprudence montre : Fanny Truchelut a été condamnée pour avoir exclu de chez elle deux femmes voilées. Il s’agit d’une atteinte à  la propriété individuelle. Tout le monde doit être égal devant la Loi, c’est une chose. Mais la Loi ne dit pas à  la place de Fanny Truchelut qui elle doit – ou non – accepter chez elle. Que l’on soit bien d’accord : celui qui décide de ne pas laisser entrer les noirs dans son restaurant, par exemple, est un sale raciste. Mais ce n’est pas en le forçant à  les accepter qu’on le fera devenir moins raciste. On porte simplement atteinte à  sa liberté individuelle de discriminer. Alors, oui, c’est sûr, personne n’ira moralement le défendre. Mais le jour où on nous forcera, pour une raison quelconque, à  accepter chez nous n’importe qui, au nom de la non-discrimination, nous n’aurons plus qu’à  nous en prendre à  nous-mêmes. L’Etat, garant de la non-discrimination au yeux de la Loi, s’immisce dans nos choix personnels et privés, pour imposer une fausse tolérance, et une vraie atteinte à  la propriété privée. Il en va de même de l’interdiction de fumer dans les cafés/restaurants : en définissant les cafés comme des lieux publics, l’Etat s’approprie un lieu qui n’est que privé (en aucun cas public) et porte atteinte aux droits individuels.

Reprenons l’exemple du café-restaurant : l’Etat intervient dans un lieu privé et décide arbitrairement d’une règle d’exclusion. Un fumeur ne doit plus être accepté dans un café. Et si l’Etat décide un jour que l’on doit exclure des cafés, par exemple, les juifs, ou les arabes ? Chacun devrait être libre de décider des règles d’exclusion chez lui. C’est le seul moyen d’éviter des règles d’exclusion imposées d’en haut, de manière arbitraire et potentiellement dangereuse.


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Commentaires

  1. Avatar de Christophe

    J'aime bien cet article. Il y a tant de choses… J'aime bien l'idée "d'aller à contre-courant du bien-pensant, du socialement admis". C'est vrai, aujourd'hui, il n'est pas "politiquement correct" de ne pas être "contre la discrimination". Mais comme tu le rappelles, la discrimination n'a pas le même sens en toute circonstance.

    On entend également beaucoup parler de ce sujet lors du recrutement. En effet, il n'est pas autorisé de choisir une personne en fonction de "son origine, de son sexe, de ses mœurs, de son orientation sexuelle, de son âge, de sa situation de famille ou de sa grossesse, de ses caractéristiques génétiques, de son appartenance ou de sa non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation ou une race, de ses opinions politiques, de ses activités syndicales ou mutualistes, de ses convictions religieuses, de son apparence physique, de son patronyme ou en raison de son état de santé ou de son handicap".(pour plus de détail, vous pouvez voir Wikipedia). Mais dans certains, on embauche bien une personne pour ce genre de caractéristique ! Quelques exemples : hôtesse d'accueil, serveur dans un restaurant étranger, secrétaire d'un établissement religieux ou politique, etc.

    La discrimination est par ailleurs assez difficile à contrôler.

    Dans ces conditions – difficultés de contrôle et "utilité implicite" -, est-il raisonnable de s'obstiner dans cette voie ? Comme tu le dis, on tombe bien souvent dans le jeu de dupe, et il serait surement bien plus efficace d'éduquer la société, plutôt que de la contraindre.

    Concernant les cafés, et l'application de l'interdiction de fumée, c'est un cas un peu particulier. Les CHR (Café/Hôtel/Restaurant) sont considérés comme des lieux public. C'est un cas vraiment à part ! Je ne suis pas juriste, mais lors de mes études, je me souviens que le prof de droit avait insisté sur ce fait, et avait ajouté qu'on ne pouvait pas m'interdire l'entrée de ces établissements, même si je n'étais pas client.

    Pour contourner l'interdiction de fumée, certains établissements viennent de créer une annexe dénommée "Club privée". Donc ce lieu n'étant plus "public", il devient possible d'y fumer…

  2. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    salut Christophe,
    merci pour cet avis qui fait rebondir la discussion !
    Tu parles du recrutement comme un exemple, où effectivement, il y a nécessairement discrimination : qui voudrait bosser avec un con ? Les pseudo-règles bien-pensantes de non-discrimination sont totalement arbitraire, dogmatiques et idiotes. C'est la même chose pour choisir ses amis, ou sa petite amie : heureusement que nous avons le droit, et les capacités de discriminer. Discriminer est une activité ordinaire et nécessaire de l'être humain. Il n'y a donc pas lieu, à mon sens, de vouloir contrôler la discrimination. Si un établissement pratique une discrimination que tu n'approuves pas, tu as la liberté de pratiquer la discrimination, et de ne pas y aller.
    Par ailleurs, le fait que les CHR soient classés établissements public est un abus de pouvoir : il s'agit (lorsque le patron est propriétaire) d'un lieu strictement privé. Le droit n'a pas forcément raison, surtout quand il s'agit plus de réglementation que de droit. Un hôtel est un lieu privé, n'en déplaise au juristes ou aux politiciens qui ont décidés le contraire pour s'approprier un peu plus d'espace.
    à très bientôt !

  3. Avatar de Christophe

    Salut Lomig,

    Je suis entièrement de ton avis lorsque tu dis que "Les pseudo-règles bien-pensantes de non-discrimination sont totalement arbitraire, dogmatiques et idiotes". D'ailleurs, ces pseudo-règles sont elle-même discriminantes : il n'est absolument pas permis de se promener dans la rue avec une tee-shirt affichant une croix gammée !!! Certes, je n'apprécie pas ce genre d'idées, mais dans ce cas, il y a bien discrimination. Cela me rappelle une question que l'on se posait lorsque nous étions gamins : "Faut-il tolérer l'intolérence ?". Nous sommes dans le même dilemne.

    Pour revenir au problème de la cigarette dans les CHR, le problème est épineux. Et je me demande si la loi ne sera pas remise en cause, car la définition de lieu public est très flou. En effet, le législateur ne se prononce pas et laisse ce soin à la jurisprudence… (voir le site des droits des non-fumeurs)

    Ceci dit, même si un lieux est privé, on ne peut pas tout permettre ! Les lois s'applique dans les lieux privés comme publics. Pourrait-on commettre des crimes chez soi, sous prétexte que c'est un lieu privé ??? Bien sur que non ! Cette loi a le même sens : protéger les non-fumeurs.

    (Petit mémo : je ne suis pas là pour défendre les non-fumeurs. Je ne suis non fumeurs que depuis très peu de temps, et je comprends très bien la problématique des fumeurs.)

    A bientôt.

  4. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    salut Christophe,
    forcément la définition du lieu public n'est pas claire : pour définir qui est propriétaire d'un lieu, il faut une personne qui ait un droit de propriété. L'Etat est une personne pour le moins floue, et je ne suis pas sûr que la frontière soit claire, en plus, entre les lieux privés (typiquement un hôtel) et les lieux publics. La preuve : la loi s'applique y compris dans des lieux privés.
    Bien sûr que la loi s'applique partout, mais encore une fois il importe de distinguer entre les lois, partagés par tous et librement consenties, et les règlementations qui sont imposés par la contrainte étatique, et peuvent ne concerner que des domaines d'applications spécifiques. L'interdiction de fumer dans les lieux "publics" est typiquement un règlementation : personne ne parle d'interdire de fumer partout. Or les rues sont des lieux publics, il me semble…
    à bientôt !

  5. Avatar de Jeanne
    Jeanne

    Christophe.

    Le jour où on interdira de fumer chez soi, nous serons en dictacture !!!Grave atteinte au droit de la liberté,ça !!

    LomiG

    Je te le dis à toi et aux autres de tes contradicteurs sur ce forum: Faites attention LomiG parait conçiliant quand on le contredit, mais ne vous y fier pas !!Ne lui communiquer jamais votre adresse email, cet enfoiré de LomiG envoit des virus !!!!

    Tu te crois calé en informatique LomiG ? je t'en reserve une bien bonne, par retour de ton envoi de virus ( j'ai tracer ton adresse ip),sous une autre forme et quand tu t 'y attendra pas!!!Sale pervers !!!

  6. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    1er point : ok pour l'atteinte à la liberté
    2ème point : Je n'envoie jamais de virus à personne ! Pourquoi cette accusation ? Je ne suis ni calé en informatique, ni pervers. Qu'as tu reçu comme virus Jeanne ? Je te garantie que ça ne peut pas venir de moi, pour la simple et bonne raison que je ne sais même pas comment on envoie un virus (à part en envoyant un mail volontairement infecté, ce que je n'ai jamais fait, et ne ferai jamais !). Je te demande donc de ne pas faire courir des bruits infondés sur moi.
    à bientôt,

  7. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    re-salut "Jeanne",
    je recopie le mail que je viens d'envoyer à l'adresse que tu as laissé pour poster ton commentaire (adresse non valide) :

    salut,
    j'ai répondu à ton commentaire sur le blog.
    Mais je tiens à te le repréciser : je n'ai jamais envoyé de virus à personne, et encore moins à toi, que je ne connais pas…! C'est la première fois que tu commentes sur le blog, alors je ne vois pas pourquoi je t'enverrais un virus…!
    Que t'est-il arrivé, et pourquoi m'accuses tu ?
    à bientôt !

    J'espère que tu prendras le temps de répondre ici à tes accusations….

  8. Avatar de Christophe

    Bonsoir "Jeanne", bonsoir Lomig,

    "Le jour où on interdira de fumer chez soi, nous serons en dictacture !!!
    Grave atteinte au droit de la liberté,ça !!"

    Ce n'est qu'un point de vue. Je dirais même une vue de l'esprit. A ma connaissance, personne n'a le droit de tout faire chez soi. Vous n'avez pas le droit de jouer de la perceuse – ou de la tondeuse – chez vous le dimanche !! Et pourquoi ??? Juste pour savoir vivre en communauté. Autre lieu privée : la voiture. Vous n'avez pas le droit de conduire sans ceinture de sécurité, ni de téléphoner, ni d'écouter un "baladeur" tout en conduisant !

    Et dans les deux cas, personne ne parle de dictature. Il faut arrêter avec ces mots extrêmes !

    « La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres »

    (voir Wikipedia)

    A très bientôt.

  9. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    Salut Christophe,

    merci de ta modération, et de rappeler le principe de base "la liberté des uns s'arrête où commence celle des autres". Un autre principe de base, aussi essentiel, est que la liberté va avec la propriété, et qu'elle est définie en négatif comme un droit d'exclusion des autres de ce qui nous appartient.

    Donc, bien sûr, on n'a pas le droit de faire tout ce qu'on veut chez nous, en particulier de nuire aux autres. Va pour le bruit de perçeuse. Mais le gars qui fume chez lui, qui dérange-t-il ? De même, il y aurait à discuter sur le fait d'écouter un baladeur au volant : il est délicat, intellectuellement parlant d'interdire un comportement parce qu'il est potentiellement dangereux ! Pourquoi ne pas interdire aux gens de sortir de chez eux, dans ce cas : ils pourraient bien se faire renverser par une voiture, c'est dangereux !

    La prise en compte du risque ne doit pas être un frein à l'action, c'est bien tout le problème du principe de précaution…

    à bientôt, et merci pour tes commentaires qui rebondissent toujours intelligemment sur la discussion, et qui amène des arguments forts.

  10. […] d’exclusion, et chacun est libre de décider de ses propres critères d’exclusion. La discrimination n’est pas forcément négative. Que celui qui pense le contraire me donne les critères d’exclusion qui conviendraient à  […]

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