Le deuxième forum pour la rénovation du PS, au titre ambitieux (« Les socialistes et le marché ») a-t-il permis au PS de clarifier sa ligne idéologique ?Il semble bien que non, puisque Hollande y affirme reconnaitre l’économie de marché, mais vouloir combattre le libéralisme. C’est à dire qu’il fait l’apologie de la principale source de création de richesse, mais en niant ses assisses philosophiques. L’économie de marché sans le capitalisme, et sans le libéralisme, ça s’appelle une économie planifiée, et – le passé le prouve – ça n’a jamais crée la moindre richesse. D’ailleurs, ça ne mérite pas vraiment le nom d’économie de marché.
Rénovation du PS ?
Voilà ce que disait François Hollande, en clôture du deuxième forum de la rénovation du PS, à la Cité des Sciences de la Villette à Paris :
S’il y a un aggiornamento à faire, c’est que nous reconnaissons l’économie de marché, mais que nous avons un rapport critique au capitalisme et que nous combattons le libéralisme
Il a également dit :
Selon le numéro un du PS , l’économie de marché est « sans doute la forme la plus efficace pour produire de la richesse ». Mais, a-t-il ajouté, « nous ne la confondons pas avec le capitalisme (…) ou le libéralisme.
Voilà qui est heureux : trois termes riches comme cela, il serait dangereux de les confondre ! Mais voyons ce qu’ils veulent dire pour comprendre le sens du message du premier secrétaire du PS.
Revoyons les bases
Prenons François Hollande au mot, et suivons son raisonnement. Il reconnait que l’économie de marché est la forme la plus efficace pour produire des richesses. La définition donnée par le dictionnaire est la suivante :
Economie de Marché
ÉCON., ÉCON. POL. Économie de marché. Conception des relations commerciales fondée essentiellement sur l’équilibre des achats et des ventes, sur l’état de l’offre et la demande. Anton. économie dirigée, planifiée
L’offre et la demande, c’est de laisser faire la régulation naturelle, par le biais des fluctuations des prix, entre l’offre et la demande. Ok. Qu’est-ce donc, maintenant que le capitalisme, et pourquoi faut-il un regard critique dessus (hormis le fait qu’il est toujours bon de garder son sens critique pour bien raisonner) ?
CAPITALISME :
- A.− Système économique caractérisé par la concentration de gros capitaux en vue de promouvoir la production et les échanges commerciaux.
- B.− Système économique et social qui se caractérise par la propriété privée des moyens de production et d’échange et par la recherche du profit. Anton. socialisme, communisme.
- − HIST. ÉCON. Capitalisme industriel (libéral ou de libre échange, concurrentiel). Mode de production basé sur la libre concurrence des entreprises.
Il me semble relativement clair que le capitalisme est intrinsèquement relié au commerce, et à l’activité humaine. Quelle économie de marché sans capitalisme ? Quel capitalisme sans économie de marché ? Les deux sont basés sur la reconnaissance de la liberté individuelle des acteurs, des droits de propriétés, et sur la capacité des humains à s’adapter à leur environnement en intégrant les informations qui sont à leur disposition. L’économie de marché et le capitalisme émergent naturellement des activités humaines de commerce, pour peu qu’elles soient laissées libres d’évoluer. J’aimerais que François Hollande explicite ce qu’il entend par « nous ne confondons pas l’économie de marché avec le capitalisme ».
Anti-libéralisme
Pour comprendre ce que signifie « combattre le libéralisme », il faut également revenir à la définition du libéralisme. Je l’avais déjà rappelé ici, mais les rappels font toujours du bien, pour ceux – du moins – qui souhaitent parler une langue commune et partager, confronter leurs idées.
Libéralisme :
- [Sur le plan moral] Attitude de respect à l’égard de l’indépendance d’autrui, de tolérance à l’égard de ses idées, de ses croyances, de ses actes.
- [Sur le plan politique ou socio-économique]
- Attitude ou doctrine favorable à l’extension des libertés et en particulier à celle de la liberté politique et de la liberté de pensée. En partic. Ensemble des doctrines politiques fondées sur la garantie des droits individuels contre l’autorité arbitraire d’un gouvernement (en particulier par la séparation des pouvoirs) ou contre la pression des groupes particuliers (monopoles économiques, partis, syndicats). Anton. autoritarisme
- Ensemble des doctrines économiques fondées sur la non-intervention (ou sur la limitation de l’intervention) de l’État dans l’entreprise, les échanges, le profit. Anton. dirigisme, étatisme, interventionnisme, planisme.
A nouveau, il serait très intéressant que François Hollande précise le sens de « combattre le libéralisme ». Est-ce être intolérant à l’égard d’autrui ? Est-ce être opposé à l’extension des libertés politiques et de la liberté de pensée ? Est-ce prôner l’autorité arbitraire d’un gouvernement ou d’un groupe de pression à l’encontre des individus ? Non, bien sûr ! Dans sa bouche, il s’agit, conformément au dernier sens de la définition, de prôner l’intervention étatique, la planification centrale de l’économie. Il serait bon qu’il précise cela, et évite de pratiquer l’approximation de langage douteuse consistant à montrer du doigt une pensée qui est un humanisme : Hollande n’est pas anti-libéral, il est seulement communiste. Qu’il le dise, alors ! Au lieu de continuer à vouloir flatter l’extrême gauche dans un grand écart conceptuel que l’obscurité de sa phrase ne parvient pas à dissimuler.
Enfumage marxisant
Pour illustrer tout cela, voici quelques paroles de Michel Rocard datant d’août 2005 (et dont je rappelle la source dans ce billet) :
Il faut jeter à la poubelle ce patois marxiste qui fait écran à la réalité. Nos camarades européens l’ont fait avant nous, et de manière spectaculaire, flamboyante! Ils ont bien plus influencé et amendé leur société que nous-mêmes. En 1932, les sociaux-démocrates suédois, tout juste arrivés au pouvoir, ont organisé un congrès de crise en constatant que leur programme nationalisateur et dirigiste était inopérant. Nos amis allemands ont organisé leur congrès de Bad Godesberg parce que leurs militants échappés d’Allemagne communiste les ont convaincus du primat de la liberté sur l’économie administrée. Felipe Gonzalez, juste après la mort de Franco, a mis en jeu sa carrière pour convaincre ses camarades qu’une ligne pseudo-marxiste les conduirait à l’échec. […] Comment peut-on être intelligent, participer à des cercles universitaires et créer Attac, ce monument de bêtise économique et politique? Cela me sidère et me navre. Je vois évidemment d’où vient cette influence. Elle est liée au fétichisme marxiste et à l’inculture économique française. On n’enseigne pas l’économie réelle à nos enfants. Mais des enseignants adhèrent au fatras d’Attac… Il faut s’affirmer face à ces simplismes et ne plus les subir.
Pour finir, une dernière définition, qui permet de caractériser précisément la phrase de François Hollande :
GALIMATIAS :
Discours confus qui semble dire quelque chose mais ne signifie rien.
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