Le hors-série du Monde Diplomatique consacré à l’environnement est un sommet de désinformation. Escamotage du débat scientifique encore à l’oeuvre sur ces sujets, présentation des enjeux selon une grille de lecture d’extrême-gauche, choix des sujets particulièrement orientés…C’est un vrai monument, et je le garde chez moi bien précieusement. Décryptage de l’édito et de la grille de lecture…Mensonge et idéologie au programme !
Je travaille dans le secteur de l’environnement, et plus précisement de la dépollution. J’ai donc acheté, en guise d’élément de culture générale, le hors-série du Monde Diplomatique « L’atlas de l’environnement« . Ce hors-série est un sommet de mauvais journalisme, de mélange des genres, et de propos volontairement simplistes visant à faire passer une idéologie pour la vérité. Je ne cite ici que quelques exemples : ils me semblent importants parce qu’ils montrent à quel point ce hors-série est une fumisterie, mais on les retrouve dans quasiment toutes les discussions sur le réchauffement climatique, et l’impact des gaz à effet de serre.
Introduction d’Ignacio Ramonet : premier mensonge !
Le directeur de la rédaction, Ignacio Ramonet, signe l’article d’introduction. On peut y lire la phrase suivante :
Le dioxyde de carbone (CO2), principal gaz à effet de serre, est responsable de 65% du réchauffement climatique.
J’avais d’autres chiffres en tête, notamment le fait que le principal gaz à effet de serre était la vapeur d’eau, et je suis donc allé vérifier.
Pour rappel, précisons certains points :
- Le réchauffement climatiques peut avoir plusieurs causes dont les deux principales semblent être :
- Variation cycliques de paramètres astronomiques de la Terre (excentricité, obliquité, précession des équinoxes). Ces variations créent des saisons astronomiques de longue périodes, de même qu’il existe des saisons normales au cours d’une année.
- Effet de serre : L’effet de serre est un effet naturel de rétention par les gaz présents dans l’atmosphère d’une partie de l’énergie rayonnée par la Terre. Cet effet est ce qui a permis à la vie de se développer sur Terre (sans l’effet de serre, la température de la Terre serait de -18°C). Les principaux gaz à effet de serre sont par ordre d’importance : la vapeur d’eau (H20) pour 55%, le dioxyde de carbone (CO2) pour 40%, puis le méthane (CH4) et d’autres gaz minoritaires. L’affirmation de Ramonet est donc impécise ET fausse ; en effet, le principal gaz à effet de serre est bien la vapeur d’eau (et non pas le CO2). Ceci est expliqué dans un article de la Recherche écrit par un membre du collège de France. Et dans les gaz à effet de serre de source humaine (anthropique), le CO2 pèse combien ? Si c’est 65%, on pourra accorder le bénéfice du doute à Ignacio Ramonet, et conclure qu’il a simplement oublié le mot « anthropique » dans sa phrase. Problème : je n’ai pas pu retrouver ce chiffre de 65% pour le CO2 ! Certains évoquent 55% (le plus retrouvé), d’autres 70% !
- Si le réchauffement climatique est avéré, l’attribution de ce réchauffement à telle ou telle cause est encore l’objet de polémiques scientifiques.
Un debat politise
Il ressort de ces observations plusieurs choses :
- le mélange du scientifique et du politique fait décidemment mauvais ménage ! il en ressort que :
En l’état actuel des connaissances, le diagnostic du Giec n’est pas scientifique mais politique. Il est établi scientifiquement depuis le « compendium météorologique » de la Société américaine de météorologie, en 1951, que le principal agent de l’effet de serre est la vapeur d’eau (à concurrence de 95 %), laquelle échappe à l’emprise humaine. Le CO2 joue un rôle mineur ; et encore les émissions de CO2 ne sont-elles que très partiellement d’origine humaine. Y a-t-il eu jamais une expérience dont les résultats pourraient contredire cette conclusion ?
- La plupart des discussions que l’on trouve à ce sujet commencent par ne pas rappeler que la vapeur d’eau est le principal gaz à effet de serre, et que l’impact de l’homme sur le cycle de l’eau est quasi-nul.
Rappelons que dans l’article d’Edouard Bard (Collège de France), il est précisé que :
Le CO2 est responsable d’environ 40% de l’effet de serre. Cette part globale est à peu près la même, que l’on prenne en compte ou non les apports anthropiques.
Ce qui signifie, sauf si je ne comprends plus le français, que l’impact du CO2 produit par l’humain ne change pas l’impact global du CO2 sur l’effet de serre.
Grille de lecture politique
Pour ceux qui auraient encore des doutes sur la démarche – incompétence ou manipulation ? – des journalistes du Monde Diplomatique, Dominique Vidal signe le deuxième article qui s’intitule « Grille de lecture », afin de bien expliquer la démarche idéologique de ce hors-série. Nous avons déjà vu que son propos n’était pas de donner de la place aux discussions scientifiques, mais bien de prendre position sur le plan politique. Et ce positionnement est limpide grâce à cette grille de lecture. La conclusion est claire :
Des classes dirigeantes prédatrices: Prestidigitateur, le nouveau président français l’est aussi : partisan de l’énergie nucléaire (réacteur EPR compris), des OGM et des autoroutes, il n’en a pas moins convoqué un « Grenelle de l’environnement », auquel nombre d’associations s’apprêtent à participer. Comme si l’expérience du « Pacte écologique » de Nicolas Hulot n’avait pas suffi : aussi vite enterré que signé, il a permis d’escamoter l’écologie dans la campagne électorale…
En réalité, comme l’écrit Hervé Kempf dans Comment les riches détruisent la planète ? (Seuil, Paris, 2007), le monde « est aujourd’hui gouverné par une oligarchie qui accumule revenus, patrimoine et pouvoirs avec avidité. Cette classe dirigeante prédatrice et cupide (…) ne porte aucun projet, n’est animée d’aucun idéal, ne délivre aucune parole ». Et de conclure : « Si l’on veut être écologiste, il faut arrêter d’être benêt. »
Tout ceci est tellement grossier, tellement clair et lisible, que je me demande comment on peut oser l’écrire. L’écologie, et l’environnement, dans les mains de ces messieurs, ne deviennent qu’un moyen de plus de dénoncer les riches « prédateurs et cupides », et si possible faire passer le message que la capitalisme va dans un mur, puisqu’il détruit la planète. Les raccourcis scientifiques servent à cela : montrer que le modèle capitaliste n’est pas durable. Le problème, c’est que nous – les lecteurs, la société – disposons des informations et du droit de réfléchir. Et de douter de messages aussi orientés, et facile à décrypter !
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