Nous allons faire grève. Pour défendre notre bout de pain. C’est ça, la société individualiste ! Chacun défend son petit pré carré, et puis voilà . Ce n’est pas tellement notre vision du monde, mais puisqu’il faut s’adapter : nous nous adaptons. Le système nous a régulièrement, et depuis longtemps, envoyé un signal clair que nos grèves permettaient de conserver nos avantages : pour quelle raison absurde agirions-nous autrement ? La solidarité, l’intérêt général sont des utopies sociales mises en place pour endormir les citoyens. Nous, nous savons que chacun défend son intérêt personnel, et celui de sa corporation, de sa classe.
L’argent du contribuable, votre argent, qui sert à nous payer, est le symbole de cette relation. Vous nous payez pour assurer un service. Vous êtes donc nos employeurs. Quoi de plus logique, pour une grêve, que de viser à ennuyer son employeur ? C’est le principe même de la grêve, non ? Nous n’avons que faire des millions de gens qui vont passer des heures dans les transports, en voiture, à vélo, pour arriver pas trop en retard à leur travail. Nous n’avons que faire de leur vie de famille. Chacun sa croix.
Nous savons que certains libéraux vicieux mettront en avant le fait que les clients ont payés un service, et qu’il est donc normal de le rendre. Ils qualifieront cela de vol. Ils prétendront que nous devrions rendre ce service, et laisser tomber nos privilèges. Au motif qu’un privilège est toujours un abus de pouvoir, une spoliation. Ils prétendent – les fous ! – que la Loi devraient être la même pour tout le monde. Mais nous savons, nous, que la Loi n’est pas la même pour tous : certains naissent riches, et d’autres pauvres. Ils nous disent qu’il ne faut pas confondre l’égalité devant la Loi, et l’égalité dans les faits. Nous ne confondons pas les deux. Nous avons simplement compris qu’il suffit d’avoir un loi spéciale pour nous, pour pouvoir – de fait – tirer son épingle du jeu. Nous avons réussi à mettre en place un système dans lequel nous vivons au dépend des contribuables, avec leur argent, en ayant des conditions de travail meilleures, et nous devrions avoir la bêtise de lâcher cela ? Au nom de quoi ? Nos enfants payeront pour nous nos retraites ; il n’est pas nécessaire de se projeter dans l’avenir.
De toute façon, nous ne sommes pas responsables : ce sont les politiques qui le sont. De droite comme de gauche, ils ont cautionné ce mode de fonctionnement « ancien régime ». Ils essayent maintenant de changer la donne. Nous savons que la société ne s’organise pas autour d’un droit commun, mais sur la base de rapports de force entre les classes. Nous nions l’existence des individus ; nous croyons dans la lutte des classes. Et nous serons les plus forts, même minoritaires, parce que nous avons une arme que vous n’avez pas : on vous emmerde !
Pour ceux que tout cela exaspère, j’ai trouvé grâce à jmj arras un appel de l’association Liberté Chérie pour faire une contre-manif dimanche prochain. Je passe l’info, mais je ne m’y associe pas : je ne supporte plus toutes ces manifs qui sont le symbole que notre démocratie a depuis longtemps faussé ses règles du jeu. Ce n’est pas la rue qui décide, ce sont les urnes. Ou alors, qu’on me l’explique clairement : nous ne sommes plus en démocratie…Mais qui s’en soucie ? Sinon, il y a plein d’infos intéressantes chez Damoclès.
Lettre ouverte d'un greviste aux citoyens
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Commentaires
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Très bon !
Il convient de rappeler ce qu’est un privilégié : ce n’est pas quelqu’un qui gagne plus qu’un autre (sinon on serait toujours le privilégié de quelqu’un), c’est quelqu’un qui profite d’un avantage indu, obtenu par la loi du plus fort, celle qu’applique l’Etat en dernier ressort. -
Excellent et tellement réaliste… Je comprends parfaitement que tu puisses être exaspéré par toutes ces manifestations qui sont effectivement un véritable déni du suffrage universel. Tu as raison de rappeler que dans une démocratie, ce n’est pas la rue qui décide mais que ce sont les urnes, que des élections ont eu lieu récemment et qu’une majorité de français s’est prononcée en faveur de la mise en place de véritables réformes indispensables pour notre pays. Maintenant, sur la contre-manifestation qui se déroulera dimanche, je suis plus nuancé que toi car c’est aussi un moyen de rappeler au gouvernement qu’une majorité de moins en moins silencieuse est largement favorable à des réformes profondes et structurelles et qu’il n’est plus tolérable que des organisations syndicales, dont la capacité de nuisance est inversement proportionnelle à la représentativité, organisent de telles prises d’otages, sous des prétextes purement catégoriels et corporatistes. Car ce nouveau mouvement social dépasse largement le cadre de la réforme des seuls régimes spéciaux, en effet, bon nombre d’entre nous ont compris que cette nécessité de réformes structurelles était aussi indispensable parce que notre pays doit enfin sortir des égoismes pour redonner toute sa place à une solidarité vitale pour la viabilité de notre modèle social actuel et penser davantage aux générations qui nous succéderont. Bon courage à tous pour les transports et à bientà´t.
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salut !
et merci pour vos commentaires !
@ Laure,
un privilège, au sens propre, c’est une loi privée (privi-lège). C’est donc une loi, une règle, qui ne s’applique qu’à une certaine catégorie de citoyens. Et c’est donc, à mon sens, contraire au sens même de l’Etat de droit, qui selon la déclaration des droits de l’homme, précise que les citoyens doivent être égaux devant la loi.
@ jmj arras,
le problème, c’est que je crois que le gouvernement le sait très bien qu’il est soutenu. Tous les sondages le montrent qui, pour la première fois, affichent qu’une majorité de français est contre la grève. Et si le gouvernement ne le sait pas, alors c’est encore plus grave. J’espère de toute façon que le revirement de dernière minute des syndicats permettra de débloquer les choses rapidement, et éviter ainsi aux travailleurs de nombreuses heures de galères dans les bouchons ou les transports en communs.
à bientà´t ! -
Espèce de petit couillon
désolée -
Heu, évidemment, ça s’adresse à l’auteur du texte, hein..
Des gens comme ça, ça m’horripile, et le pire, c’est que ça ne sert à rien de discuter avec eux, aucun argument ne peut leur faire comprendre quoi que ce soit. Ils sont bêtes et égoïstes, c’est hallucinant ! -
:)
j’avais compris que tu t’adressais à l’auteur de la lettre…!
repasses quand tu veux pour commenter ! -
euh…je précise Violetine, pour que les choses soient claires, que c’est moi l’auteur de cette « parodie »…je ne sais pas si c’était clair. :s
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Ah, lol, sur le coup je me suis un peu emportée, et après je me suis demandée si ça n’était quand même pas une caricature !
Bon, en même temps ça me rassure..
Et ça prouve que ton texte est bien écrit et reflète bien leur mentalité, puisque je me suis faite avoir !
Donc, je ne voulais pas t’insulter du tout, hein..
:) -
je sais bien que ton insulte visait le gréviste auteur de la lettre…
Je suis content si tu as cru un instant que c’était vraiment un gréviste…!
merci encore et à bientà´t ! -
Chère Violetine,
Le texte que nous venons de lire, de LOmiG, nous a semblé plutà´t respectueux, dans le principe de la liberté républicaine qui nous est chère.
Peux-tu nous expliquer pourquoi cet article t’horripile?
Fais-tu parti de ces gens qui regardent aveuglement la loi, sans ce soucier des faits?
Regarde-tu les gens comme des étrangers et non comme tes frères?
Nous sommes dans une société individualiste, la solidarité n’est pas un maître mot, est-ce cela que tu soutiens?
Nous sommes dans une lutte des classes sociales. Pourquoi?
Parcequ’il y a des gens comme toi, avec qui il est impossible de discuter selon les principes de la Fraternité.
Salut à toi, LOmiG, camarade! -
euh…Ange et Maria, vous avez lu mon article jusqu’au bout…?
Parce que très clairement, il est au second degré, et visait à me moquer de la logique finalement très individualiste de ceux qui mettent en avant vingt fois par phrase la « solidarité », et la « justice sociale ».
Non, nous ne sommes pas dans une lutte des classes sociales…!
dommage pour vous si c’est comme ça que vous vivez le monde.
merci quand même pour votre commentaire, camarades ! ;)
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