Demain, nombreux seront les français à souffrir d’une grêve anti-démocratique, visant à défendre des privilèges. Le service minimum n’a toujours pas été instauré dans les services publics de transport. Le gouvernement aurait eu le pouvoir, pourtant, de forcer un service minimum. Pourquoi ne l’a-t’il pas fait ? Sommes-nous représentés par un gouvernement qui joue le jeu des syndicats, contre l’intérêt général ?
Il semble que la grêve de demain sera très suivie. On a rabâché, jusqu’à la nausée, les arguments qui montrent que ces grêves dans les services publics de transports sont anti-démocratiques, prennent en otage des millions de personnes et d’entreprises, et qu’elles sont le fait d’un minorité agissante (représentant moins de 8% des salariés). Le tout au service d’un privilège (privi-lège : littéralement « loi privée », droit, avantage particulier accordé par une autorité, à une personne ou à un groupe, en dehors des règles communes). J’aurais demain une pensée pour tous ceux qui, n’ayant pas le choix de leurs horaires de travail et soumis à la contrainte économique et au risque de chômage, vont passer plusieurs heures dans les bouchons, pour satisfaire l’égoïsme d’un groupe de privilégiés à l’abri du chômage.
On peut faire pression sur son employeur en ne faisant pas payer les billets, par exemple, mais non ! Il est tellement plus facile de bloquer le pays, en s’assurant au passage un poids médiatique qui, bien plus qu’une représentativité depuis longtemps irréelle, donne de la force aux grêves.
Je me suis interrogé ensuite : n’y a-t-il pas eu cet été une loi concernant le service minimum ? Comment se fait-il que la SNCF puisse annoncer un traffic quasi-nul ?
Une rapide recherche m’a permis de me rendre compte que la Loi du 21 août 2007 n’a aucun effet sur la « continuité du service public dans les transports » :
Extrait du compte-rendu du conseil des ministres :
Le deuxième volet [de la Loi] concerne la mise en oeuvre d’un service garanti en cas de grève ou de perturbation prévisible des transports publics. Il ne retient pas une définition uniforme du service minimum : il renvoie cette définition, dans le respect du cadre qu’il fixe, aux autorités organisatrices de transport qui seront en mesure de prendre en compte les spécificités locales et les réalités de terrain.
Tout ce fatras de lois votées, prévues, existantes ne doit pas faire oublier, comme le rappelle l’excellent Daniel Martin, que le gouvernement a déjà les moyens d’empêcher les grêves dans la fonction publique :
Extraits du rapport 194 (98-99) de la Commission du Sénat sur le service minimum :
Dans l’arrêt Dehaene du 7 juillet 1950, le Conseil d’Etat a considéré que la reconnaissance du droit de grève ne saurait avoir pour conséquence d’exclure les limitations qui doivent être apportées à ce droit comme à tout autre en vue d’en éviter un usage abusif ou contraire aux nécessités de l’ordre public.
Il appartient au Gouvernement responsable du bon fonctionnement des services publics de fixer lui-même, sous le contrôle du juge, la nature et l’étendue desdites limitations.
La stratégie du gouvernement, basé sur le dialogue social, et le compromis a montré ses limites : pour discuter il faut être deux. Et les syndicats, qui se plaignaient de n’avoir pas été consulté sur l’affaire du CPE, montrent ici que, même avec une concertation préalable, le résultat est le même. Les syndicats faute de promouvoir des propositions de fond, mariant intérêt général et défense de leurs corporations, s’acharnent sur la forme, et sur les jeux de mots.
Demain, des millions de gens vont souffrir du manque de volonté d’un gouvernement dont on peut légitimement se demander si, à force de stratégie et d’ouverture, il n’aurait pas oublié en chemin sa raison d’être : l’intérêt général et la représentation populaire. Or, les français sont majoritairement contre cette grêve et le gouvernement avait le pouvoir de forcer un service minimum ; que doit-on en conclure ? En tant qu’électeur, et en tant que contribuable, j’ai tout de même un peu l’impression qu’on se moque du monde. Le bras de fer entre les syndicats et le gouvernement, que les journalistes ne manqueront pas de souligner, n’est pas la réalité qui importe ici. Le vrai bras de fer a lieu entre des privilégiés et le reste de la population, qui aurait du être défendu par un gouvernement bien élu, et ayant annoncé ces réformes. Espérons, pour finir sur une note plus optimiste, qu’il s’agit du baroud d’honneur de syndicats rouillés, voués à disparaitre ou à être réformés rapidement et profondément. Serrons les dents, comme d’habitude.
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