La société des autruches

Les polémiques stériles sur le choix des mots utilisés par les membres du gouvernement sont exaspérantes. Les faits sont là  : il y a trop de fonctionnaires en France. Et Sarkozy prend de gros risques en ne tenant pas ses promesses de campagne. Le non-remplacement d’un départ à  la retraite sur deux dans la fonction publique n’est pas une affaire de mots bien choisis, c’est une affaire de courage politique et respect des engagements. Ne tombons pas dans le piège des journalistes et des syndicats qui préfèrent jouer sur les mots plutôt que décrire et comprendre la réalité concrète.

Les commentateurs politiques nous expliquent que les propos de Christine Lagarde et Eric Woerth sont des « faux-pas » ou des « erreurs politiques ». En effet, ils ont en effet osé dire que le nombre de fonctionnaires est trop important, et que la masse salariale (salaire + pensions) des fonctionnaires doit être réduite. Ce qui était vrai avant la présidentielle ne l’est donc plus aujourd’hui ? Les marges de manoeuvres nécessaires à  la politique de l’offre mise en place par le gouvernement sont pourtant bien là . Et la fenêtre de tir, comme le rappelle souvent Jacques Marseille, est historique compte tenu de la pyramide des âges des salariés : les nombreux départs à  la retraite permettent une restructuration en profondeur de la fonction publique, simplement en ne remplaçant pas tous les départs à  la retraite.
Alors certains amoureux de la rhétorique, ou de la sophistique, diront qu’un simple souci d’efficacité dans l’action politique doit conduire à  faire très attention aux termes utilisés, pour faire passer intelligemment les réformes. Ce pourrait être vrai, si Sarkozy n’avait pas déjà  fait machine arrière sur le non remplacement des fonctionnaires partant à  la retraite. Ce qui est de l’habileté quand il s’agit d’habiller avec les bons mots une politique ambitieuse, devient de la couardise et du politiquement correct.
« Rigueur » serait-il devenu un gros mot dans un pays où la dette publique est énorme ? Les français – qui ont voté massivement pour un discours de vérité – ne seraient tout-à -coup plus capable de l’entendre ? J’ai bien peur que nous ne soyons retombé dans ambiance politiquement correcte, visant à  ne choquer personne, et surtout pas les syndicats de fonctionnaires. Toute cette rhétorique est assez écoeurante pour les citoyens contribuables qui attendent autre chose du gouvernement : du courage ! Le monde est là , les faits sont là . Les mots que l’on utilise pour en parler n’ont qu’une importance relative ; Avons-nous, tels des autruches, replongé la tête dans le sable du politiquement correct pour nous détourner de la vérité ?


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Commentaires

12 réponses à “La société des autruches”

  1. Avatar de franssoit

    Déjà que je suis pas nombreux à commenter, si tu fais des rafales de billets, je vais pas pouvoir suivre, moi…

    J'ai quelques remarques sur ce billet :

    • les français n'ont pas voté massivement pour un discours de vérité, ils ont voté majoritairement pour le plus gesticulant des deux gesticulateurs en compétition.

    • je ne suis pas certain du tout qu'il y ait trop de fonctionnaires en France. Si tu te contentes de voir ce qu'il coûtent, évidemment il y en a trop. Il n'y en aurait qu'un qu'il serait déjà de trop. Mais, contrairement à une légende bien établie, ils travaillent. Ils rendent service au pays. Et quand je vois mon fils dans une classe à quatre niveaux, je me dis qu'un instit de plus serait bienvenu (allez, un demi serait acceptable).

    • je ne suis pas certain du tout que la dette soit un problème. Et je ne suis pas le seul.

    • concernant ce qui est après tout le fond de ton article, je suis tout à fait d'accord. Le "débat" sur le "plan de rigueur" est ridicule, ce qui importe, ce sont les faits. Appeler "plan de rigueur" une politique ne la rendra ni meilleure ni moins bonne.

  2. Avatar de Fanette

    Le problème en France que nous avons avec les fonctionnaires, est le fait qu'ils sont très mal répartis par ministère, pour avoir travailé dans plusieurs ministères en tant que contractuelle, je peux dire que l'Education Nationale a un vivier de bras cassé et de moulins à vents dans ses structures administratives.

    5 adjoints administratifs et 1 secrétaire administrative dans un service RH, quand on sait que dans le privé , une secrétaire et une employée font la même chose !

    En revanche, il y a des Ministères misère, la Justice n'a pas assez d'administratifs, ni l'Equipement !

    Ces deux ministères ont des locaux d'archives de dossiers en retard, comme vous ne pouvez l'imaginer, c'est là qu'il faut transférer les administratifs en trop de l'EN !

    Les fonctionnaires se plaignent justement du manque de ponts inter ministériels, c'est là qu'il faut ouvrir leurs carrières qu'ils puissent partir au Trésor, à la DDE, à la DDASS, à l'EN, la recherche.

    Il faut tout restructurer de l'intérieur, et je suis d'accord avec Sarko quand il parle de fusionner les ANPE et l'Unédic, le Trésor avec les Impôts, c'est nécessaire et effectivement on s'y retrouvera tous !

    Après faire opposition à tout comme le font les syndicats, ce n'est pas normal, à forceccse institutions trop coûteuses finiront par disparaître et nous n'aurons que les yeux pour pleurer, il faut garder notre service public mais le réformer est urgent !

  3. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    salut,

    @ franssoit : merci beaucoup pour ton commentaire…oui désolé pour la rafale de billets…celui ci était une réaction à une intervention d'Yves de Kerdrel à la radio (que j'aime beaucoup, et qui est souvent juste) qui lui aussi critiquait ces faux-pas sémantiques, au lieu de critiquer la non-application des promesses de campagne….

    Je ne suis pas d'accord avec toi sur l'aspect "gesticulation" de la campagne : j'ai trouvé que beaucoup de sujets avaient été abordés, et discutés.

    Quant au nombre de fonctionnaires, désolé, mais tous les rapports de la cour des comptes, tous les rapports sur l'utilisation de l'argent des contribuables par la fonction publique montrent qu'il y a un gaspillage énorme, et qu'on pourrait rendre un service public de meilleur qualité, avec moins de fonctionnaires. Voir par exemple l'excellent livre de J. Marseille "Le grand Gaspillage".

    à bientôt !

    @ Fanette : merci beaucoup pour ton commentaire !

    Oui, la diminution du nombre de fonctionnaire DOIT s'accompagner d'une restructuration en profondeur de l'organisation, des pratiques et de la culture…introduire un peu de raison dans cette énorme chose qu'est la "fonction publique"…le contribuable ne peut que s'y retrouver, comme les fonctionnaires d'ailleurs ! :)

    à bientôt !

  4. Avatar de Jacques
    Jacques

    Tout à fait d'accord! Trop de fonctionnaires, une fonction publique à réorganiser pour un meilleur service plus efficace et moins couteux. Politiquement correct? On appelle un chat un chat, (on est pas des d'autruches) et rigueur rigueur. Et en passant, on applique ses promesses de campagne! Bravo pour le billet.

  5. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    salut Jacques,

    merci pour ton commentaire. Ta définition du politiquement correct est excellente, je m'en resservirai…! :) Ce que je dénoncait comme retour au politiquement correct devient alors une simple continuation du politiquement incorrect…!

    Oui, le coup des promesses qui commencent à glisser, ça me saoule pas mal.

    Enfin je ne perds pas complètement espoir de voir les choses changer…faut rester optimiste ! :roll:

    à bientôt !

  6. Avatar de lomig
    lomig

    Apprendre à utiliser les bons vocables me semble essentiel. Quand un président parle le français du café du commerce, en utilisant les vocables les plus stigmatisants et inappropriés, il fait honte à son pays.

    En l'occurrence, y'a-t-il trop de fonctionnaires? C'est quoi, trop? Bizarre, personne pour expliquer!!! C'est que l'Etat doit diminuer pour permettre de continuer à faire des cadeaux fiscaux mirobolants pour les plus aisés, c'est pas qu'il y a trop de fonctionnaires!!! On sait très bien que pour avoir un enseignement de qualité, il nous faudrait plus de professeurs, car il est impossible de faire un cours correct dans une classe de 35 élèves! On sait très bien que les problèmes de réussite scolaire ne sont pas liés aux profs et à leurs méthodes, mais à des systèmes de relégation sociale et de ghettoïsation des classes, entraînant des effets pervers.

    Pour la santé, il en va de même: les infirmières manquent cruellement. Il en faudrait plusieurs dizaines de millier en plus!!! Et elles sont majoritairement proches de la retraite!!! Le système est déjà au bord de l'implosion, ne pas remplacer les infirmières, c'est la crise de la santé assurée!!!

    Et la justice, parlons-en!!! Elle manque cruellement de moyens humains et financiers, et que fait Rachida Dati? Elle se pavane devant les télévisions en avançant des projets de lois absurdes, mais rien sur les moyens supplémentaires promis et qui n'arrivent pas (et qui étaient déjà ridicules)!

    Le problème ne vient pas des "fonctionnaires", mais peut-être plutôt, voire surtout, de certains "administratifs".

    Soyons clairs, l'Etat n'est pas trop "gonflé", c'est simplement que les réformes nécessaires obligeraient à faire des coupes claires dans les cadeaux fiscaux et autres avantages aux privilégiés!

  7. Avatar de BLOmiG
    BLOmiG

    salut lomig,

    merci pour ton commentaire !

    Juste deux remarques :

    • Les fonctionnaires ne sont pas en cause individuellement c'est l'organisation de la fonction publique qui est à revoir : les gaspillages sont énormes, et les fonctionnaires sont les premiers à en pâtir en travaillant dans un cadre inefficace et incontrôlé
    • En France, il y a 1 salarié sur 4 qui est payé par l'Etat ; dans la quasi-totalité des autres pays européens et aux USA, on est plus proche de 1/6 ou 1/7 : donc tout le monde a tort, et nous on a raison ? Tous les pays qui ont réussi à diminuer leur chômage dans les années passées ont, en parallèle, réduit le poids de leur dette publique, ce qui passe par une rationnalisation des moyens et une baisse de la masse salariale de la fonction publique.

    Je cite dans l'article un édito de Jacques Marseille : tu devrais peut-être aller le lire ? Marseille est le contraire d'un dogmatique, il ne roule pour personne. Il fait des constats factuels. Son livre, "Le grand Gaspillage" est un appel à la responsabilité des pouvoirs publics, pour respecter le CONTRIBUABLE. C'est nous qui payons tous ces gaspillages.

    à bientôt !

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