Voilà le deuxième volet du diptyque consacré aux titres des articles. Le premier, Les 6 fonctions du titre décrivait les fonctions principales du titre, et celui-ci revient sur les qualités qui font qu’un titre est bon, c’est-à -dire celles qui font qu’il remplit ses fonctions. Sans oublier, bien entendu, que la première fonction du titre est d’attirer le lecteur vers l’article. En résumé, un bon titre doit donc être court, nerveux, original (pour attirer) tout en restant précis et adapté au genre de l’article (pour ne pas tromper le lecteur). Le but est de permettre, comme toujours, un scan rapide des articles permettant au lecteur de faire son marché, et de l’attirer à lire la suite de l’article.
Qu’est ce qu’un bon titre ? Si on se base sur les fonctions du titre vues dans l’article précédent, un bon titre devra remplir plusieurs conditions pour remplir toutes ses fonctions (accrocher le regard, l’essentiel en un coup d’oeil, favoriser les choix, donner l’envie de lire, structurer la page et hiérarchiser les informations). La fonction principale est d’attirer les lecteurs vers l’article. Ce qui est vrai d’un article de quotidien ou de magazine, l’est encore plus avec un titre d’article de blog : noyé dans le flot d’article d’un Digg-like, ou d’un aggrégateur RSS, le titre doit faire mouche et sortir du lot. Voilà une liste de qualités listées par Yves Agnès dans son « Manuel du journalisme », et orientées vers les articles de presse. Je la livre telle quelle, en ajoutant quelques commentaires qui me paraissent utiles pour les articles de blogs.
Les 6 qualités d’un bon titre
- Clair, immédiatement compréhensible. Utiliser un vocabulaire simple et concret, rejeter les mots difficiles, les sigles non usuels. Il faut noter qu’on peut se permettre des titres un peu plus spécialisé si on s’adresse à un public averti, et cela est amplifié sur le net. Un blog spécialisé dans les conseils de programmation pourra titrer « Utilisation de la balise SPAN en CSS » sans problème. En fait, le mode d’accès aux articles est différent sur le Web : le passage par un moteur de recherche permet l’utilisation de titre précis et spécialisés sans problèmes.
- Court, nerveux, direct. Les journaux ont eu quelque peine à se débarrasser des habitudes anciennes de titres « ampoulés », Evitez à tout prix aussi la faute classique du débutant : l’usage intempestif du point d’exclamation, pour faire « plus nerveux »…Il ne remplace pas le choix de mots forts.longs et verbeux, sous couvert d’une information précise. Chassez les compléments, les redondances, allez à l’essentiel, utilisez des mots forts, des mots repères (des mots-clefs) qui vont permettre de raccourcir jusqu’à la forme la plus concise possible. Les adjectifs et les adverbes sont souvent à proscrire. Préférez la forme active à la forme passive, l’affirmation à la négation. Le verbe lui-même peut-être évacué dans bien des titres, notamment « incitatifs ». La grande difficulté, notamment pour les gros titres de page « une » (de « home page ») est la simplification abusive, qui dénature l’information en lui donnant une portée qu’elle n’a pas. Evitez à tout prix aussi la faute classique du débutant : l’usage intempestif du point d’exclamation, pour faire « plus nerveux »…Il ne remplace pas le choix de mots forts.
- Sans questionnement. Les titres à forme interrogative sont à bannir ; ne les employez qu’exceptionnellement, lorsque le questionnement est justifié par l’article lui-même. Pourquoi ? Parce qu’un titre interrogatif est dissuasif pour le lecteur. Celui-ci attend de votre blog des réponses, pas qu’il lui pose des questions. Même si l’article peut être le point de départ de questionnements et de débats intéressants…
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Précis. Concis, mais aussi précis. Un titre ambigu ou vague n’incite pas à la lecture ; au contraire le lecteur à besoin de savoir de quoi exactement on va lui parler.
Un titre ambigu ou vague n’incite pas à la lecture ; au contraire le lecteur à besoin de savoir de quoi exactement on va lui parlerLa faute classique des amateurs est de se dire que si le titre est un peu elliptique, il va intriguer, provoquer l’interrogation du lecteur qui voudra aller voir…Plus fréquente encore, l’erreur de mettre le « contenant » à la place du « contenu » ; « l’assemblée générale des chauffeurs routiers » est une coquille vide, il faut titrer sur le résultat de leur réunion. Aller droit au but (c’est-à -dire au message essentiel) est le moyen le plus sûr de faire un vrai titre.
- Sur mesure. Idéalement, le titre d’un article ne doit s’appliquer qu’à cet article-là . Il est spécifique, le prêt-à -porter n’a pas sa place, le sur-mesure est de rigueur. Alors, les titres cent fois lus du genre « Le gouvernement à la croisée des chemins », au rencard ! Un bon titre demande de la rigueur et des efforts d’imagination et de créativité.
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Original. Un bon titre, surtout s’il est « incitatif », doit être original. On se méfiera donc des formes ressassées de titres, comme : « Quand la CIA faisait les 400 coups » (Marianne), « Les mille et une ruses de l’amour » (Voici), « La vérité sur les salaires des Français » (Le Point), « Les dossiers noirs de Jacques Chirac » (Le nouvel Observateur), « les Vietnamiens saisis par le capitalisme » (Le Monde), etc. Sur cet aspect, comme sur le précédent, on peut au vu des titres de Scoopéo ou de Blogasty (deux Digg-like) se poser des questions…Certains titres, ou sujets, semblent apparaître plusieurs fois quasi à l’identique. Les blogueurs feraient-ils leur travail un peu à la légère ? C’est une raison supplémentaire, il me semble, pour faire l’effort de travailler son titre : quel meilleur moyen d’améliorer son audience que de travailler son titre pour que ses articles sortent du lot ?
Quel meilleur moyen pour être lu que de travailler son titre, afin d’attirer le lecteur ?
- Adapté au genre. Un bon titre donne le ton d’un article, il doit donc être adapté au style de celui-ci, au genre journalistique. Un titre « informatif » convient pour les articles tels que filets, synthèse, etc. Une citation est appropriée à une interview, un jeu de mot à un billet d’humour. Le titre d’un reportage doit « donner à voir » : « Scènes de traque à Portsmouth » (Le Nouvel Observateur) ; celui d’une enquête condenser une problématique ou « révéler » le fruit des investigations.
A nous de jouer…pour augmenter notre indice de lecture
Prendre quelques minutes, ou quelques dizaines de minutes, pour travailler le titre d’un article devrait donc être une habitude de tout auteur d’article (de blog ou d’autre chose). Accrocher le lecteur potentiel par titre court, nerveux, original tout en restant précis, voilà un but très noble et indispensable. Quel meilleur cadeau peut-on faire à un article auquel on tient, que de lui donner toutes les chances d’être lu ? Cela passe, dans tous les cas, par un bon titre.
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