On arrive au pied de la muraille. Le bras de fer a commencé entre le gouvernement et les différents représentants de l’immobilisme du monde universitaire. Certains syndicats (représentant les étudiants ou les directeurs d’universités, ou les professeurs) commencent à jouer le bloquage, en refusant d’entendre parler de sélection, de prise d’autonomie des universités. La suite nous montrera ce qu’il en est : mais on peut déjà craindre un peu que le projet ne s’amollisse et finisse par perdre de sa force si on évacue les notions qui fâchent (sélection et orientation, concurrence entre les établissements, financement privé de la recherche, évaluation des profs).
Le seul sujet qui ne fâche pas les immobiles : celui des moyens. Et il est vrai que l’université en manque cruellement. Il suffit de lire l’article que Mme Canto-Sperber (directrice de l’ENS de la rue d’ULM) écrivait dans le Figaro il y a peu pour s’en convaincre : il faut plus de moyens, mais cela doit s’accompagner de réformes structurelles ambitieuses pour un système poussiéreux et sclérosé par des batailles de clochers, et des mandarins séculaires. Le California Institute of Technology (le fameux CalTech) dispose, pour un nombre d’étudiants et de profs comparables, d’un budget de fonctionnement 8 fois supérieur à celui de la rue d’Ulm (pourtant un des pôles d’excellence en France, source de prix Nobel et de médailles Fields). Cela montre bien l’ampleur du chemin à parcourir. Et on voudrait le parcourir en restant immobiles ?
La négociation a été habile de la part du gouvernement sur le sujet de l’autonomie : comme les immobilistes sont également égalitaristes à tout crin, ils ont préféré accepter une autonomie pour tous les établissements, plutôt que de voir la sacro-sainte égalité entre les établissement disparaitre. Plutôt bouger tous ensemble, plutôt que de créer une différence entre les volontaires et les autres. Pourquoi pas, du moment que ça bouge ! Le refus du mouvement aura été moins fort que celui de l’inégalité et de la concurrence. Je ne sais pas s’il faut s’en réjouir d’un point de vue intellectuel ; espérons qu’au moins cela porte ses fruits et commence à remettre tout ce petit monde en mouvement. Et qu’une fois en mouvement, il comprendra que la concurrence est une nécessité : il importe de l’intégrer dans la construction du système au lieu d’en nier l’existence…C’est le seul moyen d’en limiter les effets néfastes, et de profiter pleinement de ses effets positifs, sources de création de richesse – intellectuelle et matérielle – par l’émulation.
Le moment décisif arrive…
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Commentaires
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Salut Lomig, c'est le paradoxe français, tout le monde veut que ça change, mais personne ne veut que ça change … Ce pays est desesperant !
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J'ai espoir que les choses évoluent. Néanmoins j'ai peur que le gouvernement cède et n'accomplisse que des réformes très partielles.
J'ai l'impression que la France à honte d'imposer la sélection et plus généralement l'idée du mérite dans le systeme public avec pour la seule réponse: l'accès pour tous.
C'est une facilité que notre pays paie au prix fort.
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