Accepter : voilà un mot qui est souvent accompagné d’une image négative, parce qu’on le confond avec la résignation, ou la tolérance. Les sens sont pourtant différents : tolérer, c’est laisser faire des choses que l’on a le pouvoir d’empêcher ; et se résigner, c’est considérer que l’on aucun moyen d’action. Accepter, au contraire, c’est simplement prendre le monde tel qu’il est. Quel autre choix avons-nous ? Refuser le monde tel qu’il est, c’est ouvrir la porte à tous les délires, à tous les idéaux plus ou moins foireux. Ceux qui ne raisonnent que sur le monde tel qu’il devrait être (à leur yeux, forcément) prennent deux risques majeurs : oublier le point de départ de l’action (qui est le monde tel qu’il est), et se retrouver seul (le monde rêvé n’est pas unique).
Accepter, ce n’est donc ni se résigner, ni tout tolérer. C’est juste considérer les choses telles qu’elles sont, et c’est le seul préalable connu à l’action. La démarche scientifique en est la preuve. Quel action est possible, si ce n’est à partir du réel ?
Le monde est rempli de choses qui nous heurtent, nous choquent, et qui peuvent paraitre inacceptables. Il faut bien pourtant accepter l’exitence du mal, de la souffrance pour pouvoir se battre contre. Comment pourrait-on se battre contre quelque chose qui n’existe pas ? Ce n’est pas en niant la souffrance qu’on la diminue : c’est d’abord en l’acceptant (en acceptant son existence), puis en cherchant des moyens concrets de la diminuer. Ce n’est pas parce que quelque chose est difficile qu’il faut l’éviter. Au contraire.
Il faut accepter le monde. Et le fait que beaucoup de choses soient dures à accepter dit bien qu’il s’agit d’un effort, d’un travail. Je ne suis pas sûr qu’on puisse tout accepter ; mais nous devons faire autant que possible cet effort indispensable. C’est le seul chemin. Ceux qui le refusent prennent un autre chemin, dangereux, qui commence dans la conviction et finit dans le fanatisme, ou la maladie mentale. Le monde est notre seul lieu commun, il nous relie les uns aux autres parce que nous le partageons. Son équivalent abstrait n’est pas l’idéal, mais la raison.
Accepter, c’est donc le début de la sagesse. Il n’existe qu’un monde, et c’est celui dans lequel nous vivons. C’est à partir de cette réalité qu’il faut construire, et pas à côté. J’aurais même tendance à penser que prise dans ce sens, l’acceptation, c’est la sagesse même.
Eloge de l’acceptation
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Commentaires
3 réponses à “Eloge de l’acceptation”
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[…] mesure relative de ces deux valeurs. La vie est aussi faite de choses inachevées, incomplètes, et il faut savoir l’accepter, aussi bien pour être heureux, que pour donner efficacement du sens. Sous peine de finir dans […]
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Ce vieux billet résonne beaucoup avec les lectures ultérieures de Clément Rosset..
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[…] mesure relative de ces deux valeurs. La vie est aussi faite de choses inachevées, incomplètes, et il faut savoir l’accepter, aussi bien pour être heureux, que pour donner efficacement du sens. Sous peine de finir dans […]
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