En tant que bon matérialiste de base, je ne crois pas à l’existence des idées (ou des pensées) indépendamment de la matière (qui en est le support physique). Cela signifie qu’une idée n’est qu’une configuration particulière de flux entre neurones. Un flux, par essence, est un mouvement. Donc un idée est quelque chose de nécessairement dynamique. C’est l’expérience que l’on en a d’ailleurs : un idée est mouvante, et on ne la saisit qu’au moment où elle se déroule dans notre tête…
Ce que les hommes cherchent à personnifier dans le mot « pensée », c’est la matière en mouvement.
Edgar Allan Poe
Si une idée est une configuration neuronale, alors elle n’est réelle et n’existe qu’au moment où je la pense. Comment pourrait elle exister encore si on n’est plus en train de la penser ?
Deux personnes ne peuvent pas penser la même chose exactement : il est impossible de quantifier ce qu’une idée peut provoquer de sentiments, d’émotions et de résonances personnelles, lorsqu’elle est pensée ; puisque ça implique un ressenti qui par définition est une boucle centrée sur celui qui pense (les sentiments sont la conscience d’une émotion + l’émotion consciente qui en résulte) !
Comment partager les idées, alors ?
Comment diminuer – un peu — notre isolement intellectuel ?
Il y a deux manières de le faire, qui consistent toutes les deux à lui donner forme : pas de partage d’idée sans la mettre hors de notre tête, c’est une évidence…
La première, c’est de formuler les idées en mots. A l’oral ou à l’écrit, peu importe. Formuler sa pensée, comme l’étymologie l’indique, c’est lui donner forme. Et cela aussi est conforme à notre vécu (demi-boutade de source inconnue…) :
Comment puis-je savoir ce que je pense, si je ne l’ai pas encore dit ?
La deuxième manière de savoir si on a la même idée, et si on la partage, c’est d’envisager ensemble l’action qui peut en résulter, et de la mener à bien. Cela permet de focaliser sur UNE application de l’idée, et de lui donner forme. C’est finalement le moyen le plus efficace pour partager des idées : les appliquer…!
Le plus sûr moyen de rester en contact intellectuel avec quelqu’un, c’est bien de faire des projets ensemble, non ?
La véritable forme du sentiment, ce n’est pas la conscience qu’on en a, mais l’action qu’on en tire.
Ramon Fernandez
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